C’est un spectacle désolant qu’offrent les pelouses synthétiques des stades annexe du 28 septembre, du centre technique de nongo et du stade de la mission de Kaloum. Une situation alarmante qui préoccupe les nombreuses académies et clubs de football qui pratiquent sur ces airs de jeu.
Entre déchirures de la pelouse, zones cabossées, mottes de terre par endroit ou décoloration, le spectacle est affligeant, indigne d’un stade de football qui requiert un minimum de commodités. A Dixinn, la détérioration du stade annexe suscite de vives inquiétudes chez les Footballeurs. L’état hideux de la pelouse oblige à une utilisation partielle du rectangle vert.
Ibrahima Sory Nimaga, « bleu bleu », gestionnaire du stade annexe, en impuissant spectateur, nous explique comment cette enceinte très utilisée par le monde du football guinéen s’est retrouvée dans cette situation.
« La dernière pelouse synthétique qui a été placée en 2020 n’était pas de bonne qualité, elle est très différente de la première pelouse qui était de première génération qui avait été mise ici. Elle est plus endurante et défie le temps. C’est elle qui sert toujours le stade de la mission et le centre technique de nongo, malgré les abîmes constatés aussi sur ces terrains. C’est le premier facteur. Deuxièment, les conditions de posage de la pelouse n’ont pas été respectées, les granulés n’ont pas été mis abondamment, et la colle utilisée n’est pas de bonne qualité. On achète souvent de la colle à Madina pour colmater, ce n’est pas une colle de qualité, contrairement à celle qui vient de l’étranger. Dès que le soleil chauffe, elle se détache du tapis, elle ne résiste pas. Voilà un peu quelques raisons de la détérioration de la pelouse », nous confie t-il.
Très souvent accusé de détournement des frais de location de la pelouse, Ibrahima Sory Nimaga « bleu bleu » apporte des précisions : » au temps du président Antonio Souaré, les gens ne payaient pas, par exemple si la corporation de journalistes venait pour des rencontres, on n’exigeait aucun montant. C’est seulement à l’arrivée du Conor qu’on a commencé à verser de l’argent à la fédération. Mais je vous dis ces montants ne suffisent pas pour payer les travailleurs du site et pour entretenir toute l’enceinte. Les montants perçus (200.000GNF) par séance d’entraînement ou rencontre ne suffisent pas. Je sais comment je me débrouille, mes travailleurs et moi, pour entretenir la pelouse », s’indigne t-il.
Aujourd’hui plus aucune équipe de l’élite ne s’entraîne au stade annexe. Seule la Flamme olympique, club présidé par « bleu bleu » accepte encore d’utiliser les installations du stade annexe.
Pour le reste du temps, quelques académies qui ne payent rien font encore circuler le ballon. «Tu ne peux pas faire payer une équipe pour jouer sur une telle surface », affirme t-il. «Il faut être de très mauvaise foi pour dire à une équipe de payer pour jouer sur ce tapis en lambeaux.»
Au stade de la mission, arène mythique de l’AS Kaloum, le constat reste le même, la pelouse se trouve dans un état de dégradation très avancée.
Le responsable de la communication de l’AS Kaloum, Mamoudou Diabaté, nous explique la situation de la pelouse de son club.
« C’est une pelouse de première génération, elle a fait de nombreuses années, mais à un moment face à la surexploitation ça devient très compliqué. Entre matchs de championnat national, entraînements et autres rencontres, c’est normal qu’elle se dégrade. La pelouse devait être changée, mais nous ne pouvons pas le faire pour le moment, car beaucoup de matchs de championnat s’y jouent. Pour ne pas chambouler les choses, on devra attendre la fin du championnat pour démarrer les travaux », a-t-il fait savoir.
Selon une source très proche du président de la Fédération guinéenne de Football, Bouba Sampil, des experts étaient à Conakry récemment pour évaluer les travaux de rénovation de la pelouse du centre technique de nongo, du stade annexe du 28 Septembre et du Stade de la mission. Elle précise que pour le centre technique de nongo plusieurs modifications seront faites au sein de l’enceinte.
« Nous n’avons pas assez d’infrastructures sportives et le peu que nous avons, nous ne sommes pas capables de l’entretenir », déplore un jeune footballeur que nous avons approché. «En jouant sur ces tapis complètement morcelés, tu crains une blessure en fourrant le pied dans une zone chifonnée», conclut-il.
En attendant le démarrage des travaux de rénovation, on observe un réel impact sur la qualité du jeu. Entre peur de contracter des blessures et mauvaise circulation de balle, les joueurs espèrent une réelle implication des décideurs pour redonner un visage plus reluisant à ces airs de jeu.
Mohamed Béné Barry