Le président du parti UMP (Union pour un Mouvement Populaire) se montre très tranchant au sujet de ceux qu’il appelle ‘’les vieux partis’’ et ‘’leurs vieux dirigeants’’. Dans cette seconde partie de l’interview qu’il a accordée, il y a quelques jours, à notre reporter, Boubacar Siddighi Diallo annonce d’ailleurs leur mort imminente, s’ils refusaient de satisfaire aux exigences de l’opération d’évaluation des formations politiques. Dont les résultats ont amené le MATD à, entre autres, suspendre le RPG arc-en-ciel et l’UFR, tout en accordant un délai de 45 jours à l’UFDG pour tenir son congrès.
Allureinfo.net : Comment réagissez-vous à la récente publication des résultats de l’évaluation des partis politiques par le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation ?
Boubacar Siddighi Diallo: D’abord, je crois que cette évaluation est une très bonne chose. Chaque pays est soumis à un certain contrôle de régularité de ses institutions. La Guinée était l’un des rares ou peut-être le seul pays où les institutions politiques évoluaient dans l’anarchie. Les agréments des partis politiques foisonnent. Des partis politiques avaient même participé à des élections sans être agréés. Donc, l’Etat ne contrôlait ni le contenu des messages des partis politiques, ni même leur régularité dans l’exercice de leurs activités constitutionnelles. Aujourd’hui, il existe un fichier des partis politiques. Vous devez savoir que jusque-là, l’Etat guinéen ne disposait pas d’une liste exhaustive des partis politiques.
Allureinfo.net : Vous saluez cette démarche du MATD, pendant que certains grands partis comme le RPG arc-en-ciel, dénoncent une démarche politique visant à les éliminer de la course à l’élection présidentielle.
Boubacar Siddighi Diallo : Le général Mamadi Doumbouya n’a pas eu besoin de partis pour déblayer son chemin. Il est président de la République. Et il a pris le pouvoir dans les mains du RPG. Donc, ce parti devait faire profil bas. Aujourd’hui, ils ne sont pas en position de donner une leçon de morale à quelqu’un. J’ai soutenu ce parti, à travers son président Pr Alpha Condé. Je l’assume. Mais, c’est un parti qui a négativement impacté la gestion des institutions et de la chose publique en Guinée. Toute la gabegie à laquelle on assiste aujourd’hui, tire sa source 10 à 11 ans de gestion du RPG arc-en-ciel. D’ailleurs, si le MATD n’a pas un fichier des partis politiques, c’est parce que le RPG, pendant 11 ans, a géré ce pays sans le doter d’un tel répertoire. Alors, il faut que les responsables de ce parti se calment. Les partis dits grands, le sont parce qu’ils ont le plus grand nombre de militants. Mais les idées les plus bêtes viennent de ces formations politiques. Toute la division, la confusion et la haine qui ont été instaurées dans ce pays, viennent de ces vieux partis. Donc, ils n’ont pas de leçon de morale à donner à quelqu’un. Si aujourd’hui, on a un fichier digital des partis politiques, c’est grâce à cette réforme qui est engagée. C’est la même réforme qui nous permet d’aller au RAVEC (Recensement administratif à caractère d’état civil ).
Grâce à ce recensement biométrique, demain, on ne parlera plus de révision du fichier électoral, un processus qui pousse nos enfants à se faire tuer dans des grèves inutiles. Je rappelle donc que tous ces vieux partis sont pilotés par de vieux dirigeants. En somme, la Guinée est la résultante de tout ce qui a foiré par leur gestion jusqu’à date. D’ailleurs, je vous pose la question suivante : dites-moi, quand ces vieux dirigeaient ce pays, ils ont eu quel acquis ou posé quel acte national visible dont les Guinéens peuvent être fiers ? Il n’y en a pas. Et aujourd’hui, ils se transforment en des blogueurs pour venir saper les efforts d’une refondation entamée par les autorités actuelles. Ce n’est pas leur rôle.
Allureinfo.net : Pourtant, sans ces grands partis, beaucoup estiment que le dialogue politique risque d’être compromis ou voué à l’échec. Qu’en pensez-vous ?
Boubacar Siddighi Diallo : J’aime bien quand on pose la question et qu’on n’affirme pas. Le dialogue, c’est entre deux et quelquefois trois parties. La partie qui demande le dialogue est celle qui doit satisfaire aux conditions préalables de cet exercice. Maintenant, si les deux ne sont pas dans une position leur permettant de se comprendre, on trouve une facilitation. Les partis politiques ont demandé la mise en place d’un cadre de dialogue. Le président de la République a institué ce cadre une semaine après. Et ces mêmes partis politiques qui demandaient l’inclusion, ont voulu exclure d’autres formations. Parce qu’ils pensent tout simplement que ce sont eux qui résument la Guinée. Ils disent, « tout ce qui a travaillé avec Alpha Condé ne doivent pas s’asseoir sur la même table que nous ». Nous avons travaillé avec l’ex-président. Nous assumons cette page de l’histoire, et nous en sommes fiers. C’était la meilleure décision à prendre. Cette posture a été leur première forfaiture. La deuxième, c’est quand ils ont dit que tous ceux qui n’ont aucune revendication à adresser au président de la République ne font pas partie du cadre de dialogue.
Allureinfo.net : Alors, vous iriez jusqu’à penser à la fin de vie de ces ‘’grands partis’’?
Boubacar Siddighi Diallo : Oui, c’est terminé. Donc, si aujourd’hui, l’État leur demande de s’ajuster, pour être conformes à l’esprit des textes, celui qui ne le fait pas se serait disqualifié. C’est comme quand la justice vous convoque, vous prenez une flûte pour annoncer que vous êtes pourchassé, et votre sécurité menacée. Alors que même l’actuel président des États-Unis, a été interpellé par la justice. Il a répondu devant un procureur de la République. Alors, si un leader guinéen refuse de se soumettre au même exercice, en pensant en même temps qu’il est démocrate et légaliste, je vous laisse faire la part des choses.
Interview réalisée par Amadou Oury Barry pour Allureinfo.net