Les avocats des victimes de la bousculade meurtrière au Stade du 3 avril de N’Zérékoré montent sur leurs grands chevaux face au mutisme de l’Etat sur ce drame. Lors de la conférence de presse animée ce vendredi 21 mars, un collectif de six (6) avocats s’est notamment appesanti sur le désarroi des victimes et de leurs parents. Selon des ONG locales, cette bousculade à l’occasion de la finale d’un tournoi de football organisé en l’honneur du Général Mamadi Doumbouya, aurait fait plus de 150 morts. Alors que l’Etat guinéen, lui, parle vraisemblablement de 56 morts.
Dans un échange téléphonique qu’il a eu ce samedi 22 mars avec un reporter de Allureinfo.net, l’un de ces avocats, en l’occurrence Me Paul Lazard Gbilimou a indiqué qu’une plainte a déjà été déposée au Tribunal de Première Instance de N’Zérékoré.
« La plainte a été formulée. Nous avons pris soin de rencontrer les victimes et leurs proches, et nous les avons trouvés dans un état très critique, notamment les blessés. »
L’avocat, d’une voix colérique, a ensuite énoncé ce qu’il appelle l’abandon des blessés par les autorités qui s’étaient pourtant engagées à garantir leur prise en charge.
« Après le drame, le gouvernement avait annoncé une assistance médicale. Or, ces blessés, renversés par des véhicules officiels à l’intérieur du stade, ont été transportés à l’hôpital de l’Amitié sino-guinéenne avant d’être laissés à leur sort. Certains ont dû retourner à N’Zérékoré dans des conditions précaires, tandis que d’autres sont toujours dans un état critique. Le jeune Étienne, par exemple, avait été envoyé au Maroc pour des soins avant d’être ramené. Mais il est aujourd’hui totalement abandonné », regrette l’homme en robe noire.
Me Paul Lazard Gbilimou a également dénoncé le manque d’assistance aux familles endeuillées. Insistant particulièrement sur le fait que :
« Ces victimes n’ont que leurs yeux pour pleurer. Les familles qui ont perdu un proche, un enfant, un parent ou un époux n’ont reçu aucune aide. Face à cette situation, elles ont décidé de porter plainte contre ceux qu’elles jugent directement responsables. »
Selon lui, le collectif des avocats et 98 victimes, ont décidé de porter plainte contre trois entités : les organisateurs de l’événement, réunis au sein de la plateforme Jeunes Leaders, les autorités chargées de sécuriser le public, et celles ayant confirmé l’organisation du tournoi, à-il précisé.
A en croire Me Paul Lazard Gbilimou, « ces groupes sont accusés de plusieurs infractions : homicide involontaire, meurtre, vol, coups et blessures volontaires, mise en danger de la vie d’autrui, entrave aux mesures d’assistance, omission de porter secours, trafic d’influence, entrave à la saisine de la justice, dissimulation de cadavres, atteinte à la santé publique, abstention délictueuse et complicité », a énuméré l’avocat.
Amadou Diallo