Dans ce numéro de la rubrique ‘’Le dossier de la semaine’’, Allureinfo.net vous propose une série d’articles sur la sécurité tous azimuts dans le milieu scolaire en Guinée. Qu’il s’agisse de la vidéosurveillance comme moyen de prévention, ou de l’absence d’infirmerie scolaire, ou encore de la systématisation de la fouille corporelle, la thématique ne manque pas d’intérêt. Lisez !
Au XXe siècle, la communauté éducative nationale a tenté de trouver des solutions à la recrudescence des actes de violence et d’incivisme dans les établissements scolaires. L’installation de caméras de vidéosurveillance dans les écoles est l’une des recommandations des observateurs et des partenaires de l’école, afin de lutter contre l’insécurité croissante en milieu scolaire. En Guinée, cette mesure en est presque au stade de l’illusion et du rêve. Pour en avoir le cœur net, faites un tour dans les établissements publics de la capitale Conakry.
Pas l’ombre d’une caméra au public !
Ainsi, au Lycée Sonfonia Africof, à l’Ecole japonaise de la Casse, au Collège Kobaya, au Lycée Soloprimo ou encore au Collège de Boulbinet 2, que nous avons sillonnés, pas l’ombre d’une caméra de vidéosurveillance, et même pas en projet. Pire encore, aucun enseignant ou encadreur n’a accepté aborder le sujet. Le qualifiant plutôt de « sujet sensible » au collège Soloprimo. « C’est dégoûtant, une école sans caméras de surveillance », dénonce par contre un parent d’élèves rencontré à Matam.
Il était une fois les caméras de Hawing…
S’agissant des caméras de surveillance dans les écoles, l’on se rappelle cependant que le 17 octobre 2022, l’une des mesures phares annoncées par les autorités du ministère de l’enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation, alors dirigé par Guillaume Hawing, pour lutter contre la fraude pendant les examens nationaux de la session 2023, était l’installation de ces outils sécuritaires dans certains centres d’examen. Alors, qu’en est-il de ce projet ? Combien a-t-il fallu débloquer pour expérimenter la première phase ? Une promesse qui irrite cet autre citoyen : « Ils se sont tout simplement enrichis. Où sont passées les caméras de Guillaume aujourd’hui ? Qu’il nous explique… », rouspète Fodé Sylla, un parent d’élèves rencontré à Hamdallaye.
Le privé et les bons élèves de la vidéosurveillance…
Pendant que les établissements scolaires publics peinent à se conformer à cette norme mondiale, ce qui n’honore même pas le pays, certaines écoles privées, elles, se démarquent. Les établissements privés Amadou Sylla, Djindjin, Tom Pouce et d’autres, situés pour la plupart sur le parcours Taouyah-Kipé-Lambandji-Kobaya, par ailleurs reconnues compétitives, ont déjà installé des caméras de vidéosurveillance. Une réalité qui met en confiance plusieurs parents interrogés. « Je vois cela comme une aide à la surveillance. Je suis vraiment à l’aise avec cette innovation », a déclaré Madame Souaré, qui venait de récupérer son enfant dans une école privée à Kipé. Même réaction de Souleymane Baldé, rencontré à Kobaya, devant une autre école privée équipée de caméras de surveillance à plusieurs endroits : « Quand on voit la société dans laquelle on vit et les horreurs qu’on découvre au quotidien, comment ne pas avoir peur pour son enfant ? C’est pour protéger mon enfant qu’il étudie ici depuis 6 ans maintenant. Les écoles publiques devraient faire la même chose », exhorte M. Baldé.
Pourtant, la solution urge face à…
Dans ce contexte qui fait des écoles publiques un désert en la matière, plusieurs cas de viols d’enfants ont marqué l’actualité scolaire en 2024, particulièrement dans la commune de Dubréka. Parmi les victimes, on compte M’Mahawa Camara, élève à l’école El Hadj Mamadouba Amalfi Camara (EMAC) à Kagbélen, qui a été violée puis ligotée dans les toilettes. Un autre cas, celui d’Aïcha Bah, une élève de 4e année à l’école franco-arabe Al-Fourgan. Elle a été violée et tuée, son corps retrouvé dans les toilettes de la mosquée de l’école, au quartier Dondolikouré, secteur marché à Kagbélen. Il y a également Nabinty Camara, une élève de 8 ans, qui a été violée et tuée à Kagbélen, dans la commune urbaine de Dubréka, le mercredi 4 janvier 2024, sans oublier un récent incident au Lycée Sainte-Marie de Nongo où un élève a ouvert le feu sur deux de ses camarades, le 11 mars dernier, les blessant grièvement.
Le constat montre ainsi que les parents et leurs enfants se sentiraient plus en sécurité si les écoles étaient équipées de caméras de surveillance filmant ce qui se passe quotidiennement aux alentours et à l’intérieur de la cour, voire dans les salles de classes.
Amadou Diallo