Le président de la transition, le général Mamadi Doumbouya, a accordé ce vendredi 28 mars, la grace présidentielle à l’ex président Moussa Dadis Camara. Le decret a été lu dans la nuit de ce vendredi sur les ondes de la télévision nationale, et precise que c’est pour des raisons de santé. Cette grace suscite réactions.
Alors que l’ex président de la junte de 2008 est deja rentré chez lui, les avocats se font voix. C’est le cas de Me Alpha Amadou DS Bah, avocat des parties civiles. Pour lui, Dadis Camara devait purger sa peine, estimant que la prise en charge de l’indemnisation des victimes ne devrait pas occasionner cette grâce.
«La réparation administrative ne doit pas favoriser une quelconque grâce puisque les personnes qui sont condamnées sont condamnées pour des crimes très graves qui concernent des crimes contre l’humanité. Donc, si derrière cette indemnisation administrative, il y a des velléités de doctrine et de grâces, nous nous insurgeons contre cette décision », a-t-il fait savoir.
L’avocat des parties civiles compte mener un plaidoyer pour l’application de la peine infligée à Moussa Dadis Camara. « Nous nous opposons à cette démarche, et nous pensons que le gouvernement est conscient de son rôle dans cette affaire. Il faut absolument que l’impunité soit combattue dans notre pays, et la meilleure façon de combattre cette impunité, c’est de permettre aux juges de rendre leur décision de façon indépendante et que les personnes qui sont condamnées purgent leur peine, puisqu’il y a tellement de violations de droits de l’homme dans notre pays. Si nous avons eu l’opportunité à travers ce dossier du 28 septembre, qu’il y ait des poursuites, et que ces poursuites-là aboutissent à des condamnations, nous pensons que les personnes condamnées doivent obligatoirement purger leur peine », a déclaré l’avocat.
Le capitaine Moussa Dadis Camara a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle à l’issue du verdict dans le procès du massacre du 28 septembre 2009. Selon les données de l’enquête, plus de 150 personnes ont été tuées, des femmes violées et des milliers de blessés.