Les réactions se multiplient après la grâce accordée par le général Mamadi Doumbouya au capitaine Moussa Dadis Camara. Condamné à 20 ans de réclusion criminelle à l’issue du verdict du procès du massacre du 28 septembre 2009, le chef de la junte de 2009 a déjà regagné son domicile.
Jacqueline Kamano, rencontrée à Taouyah, s’est dite heureus. « Je suis contente aujourd’hui de cette grâce. Je rends grâce au Seigneur, notre fils est libre, il va d’abord aller se soigner. La suite, on verra. »
Une grâce qui n’est cependant pas du goût de Mamadou Diouldé Diallo, commerçant à Lambanyi, qui est plutôt déçu. « Hier soir, j’ai vu des pick-ups accompagner ce sanguinaire. Depuis, j’ai mal au cœur. En Guinée, pourquoi protège-t-on toujours les tueurs ? Dadis, condamné, est gracié alors qu’il n’a même pas purgé deux ans en prison. Eh Dieu, alors qu’on libère Claude Pivi aussi, qui est plus malade que Dadis, lui, au moins, marche difficilement. J’ai mal, je suis déçu des dirigeants de ce pays, hier comme aujourd’hui. Que Dieu nous sauve », a-t-il relaté.
Aminata Diakité pour sa part reste très remontée et se pose des questions : « Attendez, au moins 156 personnes ont été tuées, par balle, au couteau, à la machette ou à la baïonnette, et des centaines d’autres blessées. Des femmes ont été violées, à cause de son pouvoir, il y a eu des divorces, des enfants pleurent encore leurs mères. Des maris sont partis et ne sont jamais revenus. La santé de Dadis est-elle plus importante que celle de ces victimes ? L’actuel président doit dire qu’il veut draguer la forêt pour un soutien total. C’est dommage, monsieur. C’est tout simplement dommage pour mes enfants de grandir dans une société comme celle de la Guinée », a-t-elle relaté, visiblement irritée par cette décision.
La grâce présidentielle accordée à Moussa Dadis Camara suscite de vives réactions en Guinée. Certains se réjouissent de sa libération, d’autres expriment leur colère face à l’impunité perçue et l’oubli des victimes du massacre du 28 septembre 2009. Dautes par contre dénoncent l’injustice que représente la libération d’un homme condamné pour un crime aussi grave, au détriment des souffrances des familles endeuillées.
Amadou Diallo