Le Mouvement Démocratique Libéral, en abrégé MoDeL, a son siège à Nongo, dans la commune de Lambanyi. Dans une cour fermée, s’étalant sur plusieurs mètres carrés, avec un sol partagé entre béton et gravier, l’ensemble est occupé par une villa avec plusieurs bureaux, une terrasse, un podium, deux toilettes, trois réservoirs d’eau, une poubelle au fond, le tout enveloppé dans les couleurs rouges et bleues du parti.
D’autres caractéristiques frappent le visiteur qui arrive pour la première fois au siège du MoDeL : les visages des activistes de la société civile, ainsi que des cadres du pays enlevés dans des conditions qui restent à élucider, tels qu’Oumar Sylla, Billo Bah, Habib Marouane Camara, Sadou Nimaga, et le président du parti, Aliou Bah, qui lui même est détenu à la prison centrale de Conakry. Tout cela est couronné par le slogan inscrit sur les murs : « Une ambition collective pour la Guinée ».
Une fois arrivé au portail, le visiteur est tout de suite accueilli par un vigile, qui le conduit vers un réceptionniste, lequel le mène auprès d’un responsable.
Il existe tout un protocole à respecter. Mamadou Malal Bah, le secrétaire chargé des affaires juridiques, qui nous a reçus, commence par nous expliquer l’historique du parti, qui a conduit au lancement du MoDeL le 2 août 2018.
Il évoque également l’organigramme du mouvement : « Le projet a été initié par un certain nombre de jeunes intellectuels guinéens, de toutes les communautés ici en Guinée, mais aussi à l’étranger, qui ont ensuite porté Aliou Bah à la tête du parti. Le 23 août 2018, l’annonce a été faite à la maison de la presse, à travers une conférence pour informer l’opinion nationale et internationale de la création d’un nouveau parti politique. Il y a un bureau exécutif qui pilote le parti, c’est l’instance de décision, et à la tête, il y a un président du parti et trois vice-présidents. Au-delà de ce bureau exécutif, nous avons le bureau national des jeunes, le bureau national des femmes. Nous avons également des fédérations, des sections et des cellules de base. À l’international, nous avons 18 fédérations fonctionnelles, et d’autres sont en gestation », a-t-il précisé d’entrée de jeu.
En sept ans d’existence, le MoDeL a changé de local trois fois. Pour offrir un espace d’échanges avec ses militants et sympathisants, le mouvement a choisi de structurer son siège autour d’une salle de formation et de lecture. Après le bureau du président, une grande salle de réunion est équipée de plusieurs ordinateurs bureautiques et de registres où sont consignés les procès-verbaux des réunions.
Sur un mur, un tableau doré expose le document d’agrément du parti. Dans une autre pièce au fond, une bibliothèque garnie de documents attire irrésistiblement le visiteur, le tout accompagné d’une connexion Wi-Fi. Mamadou Malal Bah parle d’un parti inspirant : « Nous sommes à notre troisième siège. En 2018, lors du lancement, notre premier siège avait été mis à notre disposition par un haut responsable du parti. Nous avons occupé ce siège pendant deux ans. Au fur et à mesure de notre évolution, il est devenu nécessaire de trouver un siège plus adapté. Après plusieurs démarches, nous avons trouvé ce local à Nongo, où nous payons 5 millions de francs par mois. Nous avons occupé ce siège pendant un an, voire deux. Un jour, le bailleur nous a informés qu’il voulait récupérer le local pour des besoins familiaux internes. Nous avons alors relancé nos démarches et trouvé ce nouveau siège. Vous pouvez constater que nous avons beaucoup plus d’espace ici, avec une salle de réunion, une bibliothèque équipée de nombreux livres, et un accès Internet pour que nos militants et sympathisants puissent consulter la documentation. Il y a aussi le bureau du secrétariat général qui est en cours d’aménagement et un petit magasin pour les matériels électroniques, les chaises, etc. Nous avons un compte bancaire où les fonds du parti sont déposés, à Orabank. Chaque semaine, nous nous réunissons pour une réunion du bureau exécutif avant l’assemblée générale hebdomadaire du samedi. En un an, nous avons utilisé plusieurs registres pour consigner nos procès-verbaux. »
Alors que son président croupit en prison pour offense au chef de l’État et attend la suite de son procès en appel, programmé pour ce 26 mars, le parti MoDeL a remporté une victoire importante sur un autre plan : celle de l’obtention de son certificat d’aptitude à exercer en Guinée.
Cette avancée a été largement commentée par les cadres, lors de l’assemblée générale hebdomadaire de ce week-end. Mamadou Malal Bah, le chargé des affaires juridiques du parti, a résumé cet exploit par le travail acharné, mais aussi la vision et la montée en puissance du MoDeL, qui continue de fonctionner et de résister aux pressions quotidiennes. Un résultat qui rassure la plupart des militants : « Le MoDeL, en si peu de temps, figure parmi les partis les plus sérieux, audacieux et constants de la République de Guinée », s’est vanté Mamadou Diallo.
« C’est la première fois que je milite au sein d’un parti politique à cause de son président, qui m’a séduit à chaque passage dans les médias. Aliou Bah est le jeune de la solution, je suis satisfait du travail qu’il accomplit », s’est-il réjoui.
En dépit des épreuves qu’il traverse, le MoDeL semble plus que jamais déterminé à poursuivre sa mission. Dans un contexte de transition militaire, le parti incarne une voix de résistance et de réflexion face aux défis politiques de la Guinée. Si les conditions demeurent difficiles, l’engagement de ses membres semble inébranlable, nourri par une vision collective d’une Guinée plus démocratique et plus juste.
Amadou Diallo