La capitale guinéenne fait face à un casse-tête permanent lié à l’insalubrité, qui parfois, défigure la ville. Conséquence, les déchets jonchent régulièrement les voies publiques, perturbant la circulation, même pendant cette fête de l’aïd el-fitr. Le constat révèle une capitale encerclée par des amoncellements d’ordures à chaque carrefour.
Au niveau de Cosa, Petit Symbaya et Nongo, la présence des monticules d’ordures est déconcertante, envahissant ainsi les bordures de la route. Un spectacle de déchets, composés de sachets plastiques, de morceaux de tissus et de restes alimentaires. Mélanges aux eaux usées, de quoi saturer d’une odeur nauséabonde les environs. La chaussée devient ainsi un terrain d’embûches pour les automobilistes et les piétons. Difficile de ne pas se pincer le nez !
Ibrahima Sylla, un Guinéen résident en Belgique en séjour à Conakry, est gêné : « Franchement, les ordures empoisonnent la vie des citoyens. Je suis arrivé mercredi soir pour célébrer la fête avec ma mère, mais je suis fatigué de voir ces déchets tout au long de la journée à Lambanyi, non loin du domicile d’un responsable de la police. Ce n’est pas normal. Mais non, on jette les ordonnances dans la rue devant des agents en uniforme de police. Mais où est le sérieux ? J’ai honte. J’ai dû repousser le voyage de ma femme et de mes trois enfants, j’attends de trouver un logement loin de ces déchets solides. C’est la santé des populations qui est menacée », constate -t-il, impuissant et rouge de colère.
La situation ne préoccupe pas qu’à Lambanyi. D’autres zones, comme Kiroty et Yembeya, sont également submergées par cette situation. Voitures, motos et piétons se trouvent tous confrontés à cette marée noire de déchets. Oumar Fofana, dans son boubou tout neuf et ses babouches blanches, cherche où poser ses pieds pour s’offrir un demi plat de poulet au niveau du carrefour Feu rouge sous la colline du quartier Petit Simbaya. « C’est une déception totale. Je me souviens qu’en décembre, à quatre jours des fêtes de fin d’année, l’État avait lancé une opération Conakry Ville Propre. Mais pourquoi ne pas avoir continué durant cette fête ? Où en est-on avec le slogan du premier samedi d’assainissement chaque mois ? Ils sont tous concentrés sur les affiches des photos du général, mais cet argent pourrait être utilisé pour nettoyer la ville », suggère-t-il, les yeux grands ouverts.
La gestion des ordures devient un véritable défi à Conakry. D’autres citoyens préfèrent brûler les déchets la nuit. C’est le cas de Mariama Djelo Barry. Interpellée, elle se défend : « Ces tas d’ordures sont devenues une menace réelle pour ma famille. Je suis abonné, mais ils ne passent pas régulièrement, comme convenu, trois fois par semaine. Et vous savez bien que l’homme ne peut pas cohabiter avec les ordures. Le quartier a enlevé les bacs à ordures. Comment faire dans ce cas ? Face à cette situation, je préfère brûler les ordures la nuit, quand tout le monde est couché, devant la maison », a-t-elle avoué.
En pleine fête de Ramadan, la capitale guinéenne est à la merci des ordures. C’est le moins qu’on puisse constater.
Amadou Diallo