Le grand oral du Président de la Fédération Guinéenne de Football, sur les antennes de la RTG, n’a pas convaincu grand nombre d’observateurs. Ils sont nombreux, les journalistes, qui ont été peu convaincus par la sortie de Bouba Sampil.
Entre questions esquivées, temps court, questions essentielles non posées, réponses décevantes…le rendez-vous tant attendu a été un véritable fiasco. Très déçus et restés sur leur faim, certains journalistes sportifs n’ont pas caché leur déception. Nous avons interrogé quelques uns sur cette sortie médiatique de Bouba Sampil, et ils n’y vont pas de main morte.
Hamid Bangoura (espacefootguinee) :
«La conférence de presse, s’il faut appeler les choses par leurs noms, a été tout simplement décevante. Dans la mesure où il s’est spécialisé en esquiveur. Des questions n’ont pas été répondues. Pourtant, les questions étaient pertinentes et tournées autour des gros dossiers de la Fédération Guinéenne de Football. Il n’a pas répondu à ces questions. Il a préféré passer par des acrobaties. Au-delà de ça, c’est une conférence faite de contre-vérités, parce qu’il a avancé des choses qui ne sont pas vérifiables, et dont les preuves contraires existent.
Quand il dit, par exemple, qu’il n’y a pas eu d’ingérence et que les joueurs de l’AS Kaloum ne sont pas allés en équipe nationale, on sait comment Mohamed Lamine Soumah Maldini, des joueurs comme Jules Keïta, sont allés au tournoi FIFA Series. On sait comment Alseny Soumah Chamakal, sans aucun match disputé, est allé avec l’équipe locale. Quand il évoque également une somme de 107 000 $ comme budget de fonctionnement mensuel de la Fédération, soit plus d’un milliard par mois, c’est faramineux. On se demande pour quel personnel ? pour quelles dépenses, justement ? Au-delà, il dit que le championnat guinéen, le championnat féminin de première division, manque de moyens, alors qu’il évoque 300 000 $, soit près de 3 milliards de francs guinéens. Les clubs ont reçu chacun 25 millions, pour seulement quatre journées disputées.
On est resté sur notre fin. Il y a eu beaucoup de questions qui n’ont pas eu de réponses. Tout ce que l’on peut espérer, c’est qu’il accorde plus de temps aux médias pour élucider ces questions-là, parce que les gens en ont vraiment besoin. Mais on se demande en même temps, est-ce qu’il aura l’occasion, parce que ces jours sont justement comptés à la tête de la Fédération guinéenne du football».
Lance Koivogui (Cis Médias) :
«Sincèrement, je n’ai pas été convaincu par la communication. Malheureusement, les questions auxquelles on s’attendait n’ont pas été posées au président de la fédération. Et lui-même, les questions qui lui ont été posées, il n’a pas été capable d’aborder ces questions à 100%. Il les a esquivées en grande partie.
Bon, comme je le dis, c’était une émission. On s’attendait à une conférence de presse, mais c’était une émission de la RTG. Malheureusement, avec le temps, on ne pouvait pas faire mieux. On a vu le timing, ça n’a pas suffi pour poser assez de questions. Mais les questions les plus importantes, c’était la gestion actuelle de la Fédération, les divergences au sein du Comex, le détournement des équipements de l’équipe nationale au profit de son club, l’AS Kaloum, la disqualification du Syli U17, la plainte de la Guinée au niveau du tribunal arbitral du sport, concernant le litige entre la Guinée et de la Tanzanie.
Donc, il y avait énormément de questions à poser. Malheureusement, je suis resté sur ma faim. Je n’ai pas été satisfait. Même moi, dommage, je n’ai pas pu poser de question. Tout simplement, je ne sais pas pourquoi. Mais de toutes façons, c’est une communication qui ne rassemble pas la famille du football.
Et ça, je trouve que c’est dommage. Quand un président de la Fédération dit qu’il marche seul comme un lion qui marche dans la forêt, c’est qu’il y a un problème. Voici un peu cette situation-là. Et j’ai trouvé que c’est dommage qu’on en arrive là. Il y a une telle communication qui est attendue par les amis du football et que le président ne puisse pas aller en profondeur de ces différents problèmes-là».
Hamidou Kibola Bangoura (Africasports) :
«La sortie du président de la Fédération guinéenne de football, honnêtement, je pense que les enseignements que nous en tirons ne sont pas aussi nombreux, parce que même si ça confirme certaines choses, certains faits, moi, ce que je retiens, c’est qu’il nous a permis de comprendre un peu qu’il y a des tensions au sein de son comité exécutif, notamment entre lui et ses vice-présidents, parce qu’à la question de savoir pourquoi il est venu seul, il a laissé comprendre que l’information est passée sur leur plateforme, donc il était libre pour chacun de choisir, soit de décider de venir ou pas.
Donc, à partir de là, on a compris. Normalement, si tout va bien, quand un président de la Fédération se déplace pour une communication aussi importante comme celle d’hier, il était normal qu’il soit entouré, accompagné par tous les membres de son comité exécutif, à la limite, par ses deux premiers vice-présidents, qui n’étaient pas là et qui ne sont pas hors du pays, qui sont bel et bien en Guinée ici, parce que moi, personnellement, avant d’aller à la RTG hier, on était à la clôture d’un atelier où, justement, j’ai vu les deux vice-présidents, le premier et le deuxième, qui étaient là. Donc, ça veut dire qu’ils sont bien portants et ils sont dans le pays, ils n’ont pas d’empêchement, en tout cas, de par ce que j’ai vu hier, qui pouvait les empêcher de venir, notamment à cette conférence de presse. Deuxième chose, c’est qu’il nous a fait savoir également qu’il y a de l’espoir encore en ce qui concerne la suite de la plainte de la Guinée contre la Tanzanie au niveau de la Confédération africaine de football.
Donc, je pense que la communication d’hier n’était pas, à mon avis, opportune, dans le sens que ça ne fait qu’aggraver la situation, au moins, parce que ça a confirmé, comme je l’ai dit tantôt, qu’il y a des tensions au sein de la fédération, parce que le président est allé jusqu’à dire qu’il marchait seul, comme un lion. Alors que c’est une association, les décisions ne sont pas prises par le président seulement, il y a quand même un comité exécutif qui doit se réunir, qui doit discuter des points avant des décisions finales.
Et il y a certaines questions sur lesquelles il est resté évasif, il n’a pas donné de réponse. Donc, pour moi, honnêtement, je n’ai pas trouvé cette communication opportune, dans le sens où les vraies questions, même si on n’a pas apprécié aussi les questions qui ont été posées par certains confrères, parce qu’on a l’impression que tout le monde est resté focus sur des questions de débats personnels que d’aller sur des questions portant sur le développement du football. On sait que depuis plus d’un an et quelques mois maintenant, le comité de Bouba est là, et normalement, on devrait l’amener à tirer le bilan et qu’est-ce qu’il en pense, ensuite nous dire qu’est-ce qu’il faut maintenant pour qu’il y ait des résultats, et pour l’équipe senior, et pour les catégories inférieures, et même le football féminin, qui reste encore le parent pauvre de notre football ici.
Je pense qu’il était question de chercher à aplanir les différends à l’interne, et que s’il doit faire une apparition publique, et que ce soit vraiment tout le comité exécutif qui l’accompagne, ou à la rigueur, le secrétaire général, qui était quand même là hier, mais qui n’a pas pris la parole, le secrétaire général, les deux premiers vice-présidents de son comité exécutif, je pense que la démarche aurait été ainsi beaucoup plus favorable que de faire un exercice de communication solitaire, où il est resté vraiment, comme je l’ai dit, évasif sur beaucoup de détails, sur beaucoup de questions».
Mohamed Béné Barry