La rubrique »Le Dossier de la semaine » aborde certaines dures réalités auxquelles les patients, parents et autres visiteurs sont confrontés dans certaines structures hospitalières du pays. Au compte de cette semaine du 7 avril 2025, nous vous invitons à découvrir des réalités allant du manque d’hygiène au non-respect des tarifs officiels des prestations médicales, en passant par la non-effectivité de la gratuité de la césarienne dans de nombreux établissements de soins. Lisez !
Arnaque à la gratuite de la césarienne : La maternité d’Ignace Deen pointée du doigt
Malgré l’insistance des autorités sur la gratuité de la césarienne en Guinée et les moyens censés être mis à disposition, il n’est plus un secret pour personne que cette promesse est loin d’être une réalité dans nos hôpitaux, en raison du comportement de certains agents. Cet hôpital public censé sauver des vies est progressivement devenu le théâtre de certaines pratiques interdites.
Cette semaine, nous avons tenté d’en savoir plus sur la situation au niveau de la maternité de l’hôpital Ignace Deen. Les révélations fusent de plusieurs bouches sur les pratiques autour de la césarienne.
Une gratuite à prix…d’or !
Ainsi, des témoignages recueillis le mardi 1er avril 2025, font état d’une obligation de débourser entre 500 000 GNF et 1 500 000 GNF pour obtenir le kit sanitaire destiné à une césarienne. Nous avons choisi d’écourter l’identité de nos interlocuteurs, pour leur éviter des désagréments au sein de cette maternité.
En effet, après l’avoir entraîné loin des salutations des médecins qui ultérieurement de refuser de lui parler, Mme Camara F., accompagnée de son mari, se confie à notre reporter Amadou Diallo. « Mon Dieu, la prise en charge de la césarienne n’est pas du tout gratuite ici. Eh bien, la patiente doit toujours payer avant l’opération. Si tu ne payes pas, tu risques de perdre ta vie et celle de ton enfant. Moi, j’ai subi cette intervention il y a presque trois semaines. Mon mari a payé 600 000 GNF pour l’intervention. De plus, pour le pansement, je devais payer 100 000 GNF à chaque fois. Aujourd’hui, j’ai payé 75 000 GNF », déplore-t-elle.
F. Camara, son époux, visiblement en colère, en rajoute aux chagrins sur la gestion de la césarienne. « La gratuité de la césarienne est un mensonge, un véritable mensonge. C’est le président Alpha Condé qui l’a d’abord annoncé, puis Mamadi Doumbouya l’a réitérée. Mais dans nos hôpitaux, ce n’est pas le cas. D’abord, au Centre de santé de Coyah, quand j’ai envoyé ma femme pour un contrôle, on m’a demandé de payer 30 000 GNF pour des gants, alors que ces gants ne sont pas à payer. Et à Ignace Deen, j’ai dû payer 600 000 GNF pour la césarienne. Eh bien, monte chérie. Où allons-nous… ? », a lancé notre interlocuteur très amer, à son épouse, avant que les deux n’enfourchent leur moto sous un soleil de plomb, à 15h, ce mardi 1er avril.
À peine le couple s’éloigne, que Mme Condé Y., qui a suivi notre conversation, s’approche de notre équipe. Elle raconte son expérience : « Moi, quand je suis venue pour accoucher, on m’a dit qu’il fallait procéder à la césarienne. J’ai pleuré quand on m’a dit que je devais payer 1 500 000 GNF pour la prise en charge, y compris les médicaments. Je ne savais plus si j’étais en haut ou en bas. Le lendemain, mon mari m’a dit qu’il avait été obligé de vendre notre télévision et notre machine à laver pour pouvoir payer. Je déteste ces agents, surtout les femmes. Ce que je vais dire, c’est que la césarienne n’est pas gratuite. Malgré l’annonce du président, jusqu’à présent, toutes les femmes qui subissent cette intervention doivent toujours payer une somme. Ce qui est encore plus choquant, c’est que cette somme varie d’une personne à l’autre. Certains payant 700 000 GNF, d’autres 500 000 GNF, 400 000 GNF, ou même 1 000 000 GNF », énumère-t-elle.
Point de répondants chez les responsables
Face à ces chagrins, notre reporter Mohamed Béné Barry a tenté de recueillir la réaction de la Surveillante principale de cette maternité, une certaine Tantie Mimi. Il était vers 14h15 ce mardi 1er avril 2025. Après avoir expliqué le motif de sa présence, elle l’a renvoyé à mieux se pourvoir en ces termes : « J’ai compris votre préoccupation. Mais allez voir la Direction Générale. C’est elle qui connait tout en ce qui concerne la césarienne », s’est-elle débinée, sans autre forme de procès.
De ce pas, notre reporter se rend du côté de la Direction Générale de l’hôpital national Ignace Deen, pour tenter d’obtenir des explications sur cette arnaque à la césarienne exprimée par des patients et leurs parents. Il était presque 15h00, ce 1er avril 2025. Là aussi, le Directeur Général dudit hôpital, Pr Mamadou Dady Baldé, nous a tout simplement opposé une fin non-recevoir. Nous exigeant un ordre de mission délivré par notre média et spécifié à sa Direction. Rejetant ainsi notre badge de journaliste, qu’il a trouvé insuffisant pour le convaincre de répondre à nos questions.
Pendant ce temps, les patients et leurs parents continuent de se plaindre de certaines pratiques autour de la césarienne.
Nous reviendrons sur la suite de cette enquête dans nos prochains numéros, dans le cadre de la poursuite de ce dossier sur la césarienne.
Amadou Diallo et Mohamed Béné Barry