À Mamou, ville carrefour, le commerce reste l’activité principale de la commune urbaine. Dès votre arrivée, en face de la maison des jeunes, à quelques mètres du carrefour Kimpely, il est évident que le confort a laissé place à la désolation dans cette ville cosmopolite.
Sur les deux voies, des femmes étalagistes, des mécaniciens d’engins roulants, des camions chargés, des conducteurs de moto-taxis, ou encore des mendiants occupent sans relâche les trottoirs aménagés, qui sont censés faciliter la circulation. Cela rend parfois difficile de se frayer un chemin, même les dimanches soirs, jour de repos.
La situation est encore plus grave et desolante les lundis car en face du commissariat central de police, sur la route menant à l’ancienne gare ferroviaire, ici les étalagistes et les hommes en uniforme se regardent en face. Ce n’est pas tout : à quelques mètres se trouve le marché avaria, qui déborde également.
Plus loin, on trouve la gare routière de Porédaka, ainsi que celles de Dinguiraye et de Conakry. Partout, c’est le même constat amer. Sans oublier le quartier Zaïther, avant d’arriver à la Conserverie. Cette route nationale est transformée en une foire commerciale, où les commerçants envahissent les trottoirs avec leurs articles.
Il est cependant à noter que des espaces commerciaux, telles que des boutiques, demeurent vides. Pourquoi ces commerçants choisissent-ils d’occuper les trottoirs malgré les risques ? « C’est parce qu’on n’a pas l’argent pour payer une place dans le marché. La caution pour un magasin reste élevée, même les tables sont chères. Si je dois payer 400 000 FG pour une table chaque mois, plus 2000 FG de ticket chaque jour avec mes tomates, je ne pourrais rien amener à la maison pour nourrir ma famille », explique Maimouna Diallo.
Une autre commerçante, Oumou Barry, vendeuse de mangues, s’intéresse à notre conversation : « C’est pareil pour moi, on ne peut pas se permettre de payer une place dans le marché. La caution pour un magasin atteint 2 500 000 FG. Actuellement, c’est la période des mangues, alors où vais-je les vendre si ce n’est ici ? », se demande-t-elle. Thierno Hassane Sow, un commerçant de chaussures, partage le même ressenti. Selon lui, il n’a pas suffisamment de moyens pour louer un magasin dans le marché. « Nous avons été déguerpis à plusieurs reprises par la mairie, mais on ne sait pas où aller, chef. Tout est cher ici, ce n’est pas nous », déplore-t-il. Il ajoute que les accidents sont fréquents, et qu’aucune semaine ne passe sans qu’un vendeur ou un passant ne se fasse renverser par un véhicule ou un motard.
Kadiatou Touré, un panier à la main, passe et repasse devant les étals. Par moments, elle s’arrête, examine des tas de produits vivriers soigneusement exposés et échange quelques mots avec les vendeuses avant de répondre à notre question : « Tout est cher sur le marché, mais ici, au moins, c’est acceptable. Quatre mangues pour 5000 FG, des tomates à 1000 FG, un tas de piment à 1500 FG, des feuilles de patates à 2000 FG, je peux faire une provision pour une semaine. Il n’y a pas mieux que ces trottoirs », lance-t-elle. Dame Touré est une habituée de cet espace. Depuis près de trois ans, elle s’y rend fréquemment. Elle peut se vanter d’en connaître les coins et recoins, sachant où et avec qui acheter moins cher. Pourtant, elle réside au quartier Abattoir.
En attendant une solution définitive, à Mamou, le quotidien reste le même : embouteillages monstres, occupations anarchiques, mauvais stationnement des engins roulants, souvent source de désagréments pour les autres usagers de la route, incivisme de nombreux conducteurs, et chaussées qui ne sont que des noms. Une situation qui met mal à l’aise le visiteur.
Allureinfo.net
Depuis Mamou, Amadou Diallo