La suite du procès en appel de Docteur Mohamed Diané a été renvoyé au 17 Avril 2025. Le procès qui a débuté, ce jeudi 10 Avril 2025, à la CRIEF a tourné essentiellement sur la paternité de plusieurs biens immobiliers attribués à Mohamed Diané. Des charges niées en bloc par ce dernier.
Quelques avocats des différentes parties dans ce procès se sont prononcés sur cette journée animée par des débats houleux qui ont viré à plusieurs reprises à des accrochages verbaux musclés.
Maître Almamy Samory Traoré, Avocat de Mohamed Diané, dénonce un travail bâclé de la part des juges qui ont tranché l’affaire en première instance. Pour lui, un travail sérieux n’a pas été fait sur les charges qui pèsent contre son client.
« Je pense que toutes les parties sont d’accord que les biens qui lui ont été attribués, les 80% des biens qui se trouvent dans le jugement ne lui appartiennent pas. Et donc, il appartiendra, bien entendu, à l’agent judiciaire de l’État et au procureur de démontrer que ces biens-là lui appartiennent. Et en ce moment, on verra ce qu’il y a lieu de faire. C’est pourquoi les questions ont été posées par le ministère public et par l’agent judiciaire de l’État. Nous avons estimé qu’il était absolument nécessaire pour nous de demander un renvoi, afin que nous puissions nous retrouver avec notre client et préparer sa défense avant la prochaine audience. Je pense que les juges qui ont rendu la décision de condamnation n’ont pas fait leur travail comme il le fallait », a déclaré l’avocat.
Maître Almamy Samory Traoré est revenu sur le long silence de son client dans ce procès. Une stratégie qui a peut-être discrédité un peu plus son client dans cette affaire. L’avocat estime que c’est un fait tout à fait normal en Droit.
« Le fait de refuser de parler est un moyen de défense en Droit. C’est permis, mais dans tous les cas, le juge a l’obligation d’impartialité. Le juge n’a pas le droit de prendre une décision et ne même pas vérifier les informations que les autres parties lui donnent. Si on vous donne des listes de biens qui appartiennent aux prévenus, même s’ils ne parlent pas, demandez au ministère public de prouver que ces biens lui appartiennent… Mais imaginez qu’on vienne à un appel et qu’on découvre que les biens à 80% ne lui appartiennent pas. Ça veut dire qu’à la base, un travail, en tout cas sérieux, n’a pas été fait », s’indigne-t-il.
Maître Pépé Antoine Lama, avocat de la partie civile, reste, pour sa part, convaincu de la culpabilité de l’ex ministre Mohamed Diané qui, selon lui, a peiné à répondre correctement aux questions qui lui ont été posées par la partie civile.
« C’est avec beaucoup de satisfaction que nous avons noté les réponses données par le docteur Mohamed Diané à nos questions que nous avons posées sur l’infraction d’enrichissement illicite et blanchiment de capitaux. Les questions à charge posées par ces conseils ont suffisamment contribué à établir davantage la responsabilité pénale du docteur Mohamed Diané sur ses avoirs immobiliers et bancaires. Vous allez noter que le volume des immeubles, les montants totalisés sur son compte sont de loin plus élevés que ses revenus. Le docteur Mohamed Diané, interrogé sur ces faits, n’a pas été à mesure de les justifier. Il n’a pas été non plus en mesure de rapporter la preuve des déclarations qu’il a avancées tendant à justifier la régularité de certaines acquisitions.
Qu’est-ce qu’il a voulu cacher ? Qu’est-ce qu’il a voulu insinuer ? Autant d’éléments qui expliquent que le prévenu n’est pas de bonne foi. Il n’a pas envie de coopérer pour la manifestation de la vérité. La demande de renvoi de la défense, nous avons trouvé raison de ne pas s’y opposer, parce qu’ils ont agi en bon professionnel. Quand on défend un client qui vient d’être chargé à travers des réponses inconvenables, des réponses qui renforcent davantage l’accusation, des réponses qui soulignent davantage la nécessité de la confirmation du jugement créé, il y a de quoi demander un renvoi pour éventuellement tenter de déconstruire ce qui a été fait », a-t-il expliqué.
La suite des débats est renvoyée au 17 Avril 2025.
Mohamed Béné Barry