Condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour sa responsabilité dans les atrocités du 28 septembre 2009, la grâce présidentielle récemment accordée au capitaine Moussa Dadis Camara pourrait bien rebattre les cartes politiques en Guinée Forestière, la région d’origine de l’ex-chef de la junte militaire, CNDD.
Cette décision a été aussitôt interprétée par une partie de l’opinion, comme un appel du pied à l’électorat forestier de la part du président de la transition, le général Mamadi Doumbouya. Donc, une éventuelle plus-value électorale, confirmée par Pépé Francis Haba, président de l’Union guinéenne pour la démocratie et le développement (UGDD).
« La grâce accordée au Capitaine va énormément compter dans la balance pour une éventuelle mobilisation en faveur du président Mamadi Doumbouya », nous a-t-il confié dans une interview accordée le 2 avril dernier à un reporter de Allureinfo.net.
Une mobilisation qui nécessitera donc l’implication du capitaine Moussa Dadis Camara dans la campagne en faveur du très possible candidat à la prochaine présidentielle, le général Mamadi Doumbouya. D’où la question de savoir si cette implication se fera via un mouvement de soutien ou un parti politique.
En explorant la seconde piste, celle donc d’une formation politique, ce sont les souvenirs de l’UGDD qui refont surface. En effet, ce parti créé à l’origine par des partisans du capitaine Moussa Dadis Camara alors au pouvoir, a longtemps été perçu comme un ou le bras politique du CNDD.
Justement, sur les liens supposés ou réels entre le bouillant capitaine et l’UGDD, Pépé Francis Haba, reconnait que : « Même si, avec le temps, le président Dadis a demandé à ce que le parti ne parle plus de lui, ses partisans et militants sont restés mobilisés autour de notre formation politique », concède-t-il.
Faut-il rappeler que Moussa Dadis Camara qui avait tenté un forcing en 2015, pour rentrer au pays, en vue de participer à la présidentielle de la même année, ne pourra être candidat à une quelconque des prochaines élections en Guinée. En effet, en plus de la grâce présidentielle, il faudra une loi d’amnistie pour le rétablir dans ses droits civiques.
En attendant, le parti UGDD pourrait-il lui proposer et obtenir son accord, afin d’en devenir le nouveau président ? A l’évidence, l’UGDD pourrait-être tenté par une démarche en direction du célèbre capitaine. « Nous sommes plus ou moins attachés au capitaine Moussa Dadis Camara. Cela dit, si aujourd’hui sa libération vient soulager des centaines de milliers de militants de notre formation politique, tout dépendra de la base », a conclu Pépé Francis Haba.
Aboubacar Sidiki Camara.