À la cour d’appel de Conakry, le procès en appel du président du MoDel, Aliou Bah, se poursuit. Ce mardi 22 avril 2025 marque la quatrième audience, consacrée en grande partie à la projection des vidéos incriminées. Depuis trois heures, plusieurs enregistrements ont été diffusés dans la salle d’audience.
Les premières vidéos présentées émanent du parquet. La première montre Aliou Bah interpellant les religieux sur la situation sociopolitique du pays. La seconde le montre s’exprimant en langue locale au sujet de la corruption. Dans la troisième vidéo, il aborde la question de l’exil, affirmant que ce n’est pas une solution. Enfin, la quatrième séquence le montre évoquant la notion de reddition des comptes. Il y rappelle les engagements des autorités de la transition, citant notamment les déclarations du porte-parole du gouvernement sur la fin annoncée de cette période transitoire.
À l’issue de ces projections, la parole a été donnée au procureur général près la cour d’appel de Conakry, Fallou Doumbouya. Il a ouvert l’interrogatoire en demandant : « Qui est le kidnappeur ? » Ce à quoi Aliou Bah a répondu calmement : « J’attends de le savoir. ».
Le procureur a ensuite voulu savoir dans quel cadre ces propos avaient été tenus. Aliou Bah a précisé qu’il s’agissait d’allocutions faites lors des assemblées générales hebdomadaires de son parti, régulièrement couvertes par la presse. Le procureur a alors insisté pour savoir s’il s’agissait d’une conférence de presse, mais l’accusé est resté ferme sur ses déclarations initiales.
Poursuivant, Fallou Doumbouya a tenté de souligner une contradiction en évoquant le procès-verbal dans lequel Aliou Bah ferait référence aux dirigeants. Ce dernier a confirmé ses propos, estimant que les questions de sécurité relèvent naturellement de la responsabilité des autorités, qu’il est en droit d’interpeller.
Sur le thème de la corruption, le procureur a demandé à qui elle pouvait être imputée. Aliou Bah a répondu sans détour que cette corruption est le fait de certains dirigeants et figures de l’autorité publique. Il a également mentionné le rôle des religieux, qui selon lui, ont une responsabilité morale dans l’équilibre de la société.
La défense, représentée par maître Almami Samory Traoré, a ensuite sollicité la diffusion de vidéos fournies par elle. Parmi ces documents figurent, le témoignage d’un membre de la famille de Foniké Mengué concernant l’arrestation de ce dernier et de Bilo Bah ; celui de l’épouse de Habib Marouane Camara, relatant les circonstances de l’arrestation de son mari ; enfin, une déclaration du directeur de publication du site Le révélateur224, revenant sur l’interpellation de son administrateur général Habib Marouane.
Après la projection de ces éléments, la parole est revenue à la défense. Depuis 13h15, maître Almami Samory s’emploie à relancer et confirmer les propos de son client, soutenant la légitimité de ses déclarations.
Nous reviendrons sur la suite de cette quatrième audience, qui se tient, sans caméras ni téléphones, à Kaloum.
Amadou Diallo