Dans cet autre numéro de la rubrique « Le Dossier de la Semaine », au compte de cette semaine du 21 avril 2025, nous mettons nos limites sur la vente illicite des médicaments en Guinée. Vendeuses ambulantes et boutiques-pharmacie à Madina, sur fond de passivité ou de tolérance des forces de l’ordre, ce commerce pourtant interdit sous le CNRD, fonctionne autrement. Lisez!
L’interdiction de la vente illicite des médicaments a visiblement du plomb dans l’aile. Malgré les mesures prises par les autorités, des points de vente rouvrent leurs portes dans le pays, notamment au grand marché de Madina.
Un constat alarmant établi par nos reporters sur le terrain, y compris dans certaines rues de la capitale guinéenne.
Cette résurgence du phénomène qui a donné une mauvaise presse à la Guinée dans la sous-région, préoccupe les professionnels du secteur pharmaceutique. Le président du Syndicat des pharmaciens d’officines privées, le Dr Manizé Kolié, rencontré ce jeudi 17 avril 2025, appelle les autorités à réagir avec fermeté.
« Je vais adresser un courrier au général Balla Samoura pour que les équipes de contrôle soient réactivées. Nous prévoyons de faire le tour des 52 marchés recensés, afin de sensibiliser les administrateurs et remettre de l’ordre », a déclaré le Dr Kolié.
Selon lui, la reprise de ces activités illégales était néanmoins prévisible. « C’est une réussite d’avoir tenu trois ans sans que cela ne reprenne. Il fallait s’y attendre, car la vente de faux médicaments, en Guinée comme ailleurs, financer une bonne partie de l’économie informelle ».
Plusieurs facteurs expliqueraient aussi ce retour. En premier lieu, le manque criard de pharmacies, notamment à l’intérieur du pays. Ensuite, la flambée des prix des médicaments dans les officines légales, qui pousse de nombreux citoyens vers des alternatives dangereuses mais plus accessibles, explique le Dr Manizé Kolié.
Pourtant, à l’annonce de l’interdiction, l’État avait promis des mesures d’accompagnement pour faciliter l’accès aux produits de santé de qualité. Trois ans plus tard, le constat est amer, le vide laissé par les faux médicaments n’a pas été comblé par une offre légale suffisante.
Face à cette situation, les professionnels de la santé appellent à une action urgente et concertée pour mettre fin à cette menace sanitaire qui refait surface dans les marchés guinéens.
Aboubacar Sidiki Camara