L’intimidation tarifaire est impopulaire et le multilatéralisme est la bonne voie (S.E.M. Récemment, sous prétexte de « tarifs douaniers réciproques », les États-Unis ont annoncé l’imposition des tarifs douaniers supplémentaires à tous leurs partenaires commerciaux dans le monde, et même à sept pays africains parmi les moins avancés (PMA), dont la Guinée, n’ont pas été épargnés, les tarifs imposés au Lesotho et à Madagascar atteignant respectivement 50 % et 47 %.
Les États-Unis ont brandi le « bâton tarifaire » contre tous les pays du monde, ce qui porte gravement atteinte aux droits et intérêts légitimes de tous les pays en matière de développement, ébranle le système commercial multilatéral et sape l’ordre économique mondial. La Chine, l’Union européenne et d’autres parties y ont opposé une résistance ferme et une riposte raisonnable. J’ai noté que divers milieux en Guinée suivaient de près les retombées négatives des hausses tarifaires des États-Unis et avaient exprimé leurs préoccupations. Je souhaite préciser dans cet article la position de la Chine sur l’abus des droits de douane par les États-Unis.
La logique sous-jacente des « tarifs douaniers réciproques » des États-Unis est insoutenable. Il est inconcevable que cette politique tarifaire, qui met en jeu le sort de l’économie mondiale, soit fondée non pas sur des expertises scientifiques, mais sur une simple formule mathématique. Par cette formule, on divise le déficit commercial des États-Unis avec un pays par le montant total des exportations de ce pays vers les États-Unis, avant de diviser le résultat par deux, la somme ainsi obtenue constituant alors le tarif douanier imposé à ce pays. Par exemple, si un pays exporte 100 milliards de dollars vers les États-Unis et importe 40 milliards de dollars, les États-Unis diviseront le déficit de 60 milliards de dollars par 100 milliards de dollars et diviseront ensuite le quotient par deux pour obtenir 30 %, soit ce qu’ils appellent les « tarifs douaniers réciproques ». Cette méthode de calcul a rapidement été remise en cause au sein de la communauté internationale et des économistes. Paul Krugman, prix Nobel d’économie , Jeffrey D. Sachs, professeur à l’Université de Columbia, et Lawrence Summers, ancien secrétaire au Trésor américain, ont souligné que la logique du calcul des « tarifs douaniers réciproques » était tellement erronée qu’elle n’avait aucun sens dans le domaine des sciences économiques.
Les « tarifs douaniers réciproques » sont, de par leur nature, un acte d’unilatéralisme, de protectionnisme et d’intimidation qui aura des conséquences désastreuses pour l’économie mondiale. C’est le déficit budgétaire excessif et l’incapacité financière, plutôt que le « comportement commercial déloyal » d’autres pays, qui sont à l’origine du déficit commercial des États-Unis. Afin de rejeter sur autrui le poids de leurs difficultés économiques, les États-Unis font feu de tout bois en menant une guerre commerciale contre tous les pays, ce qui revient essentiellement à poursuivre les principes de l’« Amérique d’abord » et de l’« exceptionnalisme américain », et à placer les intérêts des États-Unis au-dessus de ceux de la communauté internationale. L’approche des États-Unis perturbe gravement la stabilité de l’économie mondiale et de la chaîne d’approvisionnement mondiale, sape les règles du commerce international et finira par détruire leur propre économie. Le lendemain de l’annonce des « tarifs douaniers réciproques », les actions américaines se sont effondrées, les indices Dow Jones, S&P 500 et Nasdaq chutant respectivement de 3,98 %, 4,84 % et 5,97 %. Si les droits de douane américains actuels restent inchangés, l’inflation aux États-Unis atteindra 3,5 à 4 % en 2025, et la possibilité que l’économie américaine entre en récession à l’avenir dépassera 60 %.
Selon le Fonds monétaire international (FMI), la politique tarifaire des États-Unis entraînerait une réduction des investissements et des perturbations de la chaîne d’approvisionnement, exposant l’économie mondiale à des risques baissiers. L’institution a ainsi prévu une diminution de 0,8% de la production économique mondiale en 2025 et ramené à la baisse ses prévisions sur la croissance mondiale de 3,3 % à 2,8 %. La directrice générale de l’Organisation mondiale du Commerce, Ngozi Okonjo-Iweala, a déclaré publiquement que l’imposition de droits de douane supplémentaires par les États-Unis pourrait entraîner une contraction globale d’environ 1 % des échanges mondiaux de marchandises cette année. La secrétaire générale de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, Rebeca Grynspan, a souligné que 44 pays les moins avancés contribuaient pour moins de 2 % au déficit commercial des États-Unis et que l’augmentation des droits de douane ne ferait qu’exacerber la crise de la dette dans ces pays. L’ONUDI a indiqué dans un article que la politique tarifaire des États-Unis réduirait considérablement la capacité des pays en développement et des pays les moins avancés à participer au commerce mondial.
Prenons l’exemple des pays africains. Avant l’imposition de droits de douane supplémentaires, les marchandises de certains pays africains bénéficiaient d’un accès en franchise au marché américain en vertu de la Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA), et les produits agricoles, textiles africains de qualité pouvaient être exportés vers les États-Unis. Une fois les « tarifs douaniers réciproques » mis en œuvre, il ne subsistera de ladite loi plus que le nom, et l’avantage en termes de prix des produits africains sera sérieusement affecté, ce qui aura un impact direct sur le marché de l’emploi et les perspectives économiques des pays africains.
Face à l’unilatéralisme et à l’intimidation économique des États-Unis, la Chine a pris des contre-mesures résolues. La Chine est un membre responsable de la communauté internationale. Afin de sauvegarder sa souveraineté, sa sécurité et ses intérêts en matière de développement, de préserver le système commercial multilatéral et de défendre l’équité et la justice internationales, elle a résolument introduit une série de contre-mesures réciproques, portant à 125 % les droits de douane sur les importations depuis les États-Unis, engageant une procédure contre les États-Unis dans le cadre du mécanisme de règlement des différends de l’OMC, inscrivant 12 entités américaines sur sa liste de contrôle des exportations et incluant 6 entreprises américaines sur sa liste des entités non fiables. La population de 1,4 milliard de chinois a une grande confiance pour faire face à l’intimidation tarifaire. La position de la Chine est très claire : il n’y a pas de gagnant dans une guerre commerciale et tarifaire, et la Chine ne voulait pas d’une telle guerre, mais elle n’en a pas peur. Le dialogue doit être mené sur un pied d’égalité et sur la base du respect mutuel . La pression, les menaces et le chantage ne sont pas la bonne façon de traiter avec la Chine.
Que doivent faire la Chine et la Guinée face à l’intimidation tarifaire des États-Unis ? Nous devons défendre conjointement les règles internationales et nous opposer à l’unilatéralisme. La Chine et la Guinée sont toutes deux des membres importants de l’OMC et des bénéficiaires du système commercial multilatéral. Nous devons promouvoir conjointement la construction d’une économie mondiale ouverte, défendre le système commercial multilatéral centré sur l’OMC, promouvoir une mondialisation économique inclusive, travailler ensemble pour sauvegarder l’environnement international d’ouverture et de coopération, ainsi que la stabilité des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales, et défendre les intérêts communs des pays en développement. Nous devons travailler ensemble pour défendre l’équité et la justice et nous opposer à la loi de la jungle. Le développement est un droit universel pour tous les pays du monde, et non un droit spécifique réservé à une poignée de pays. Selon la Charte des Nations unies, tous les États membres sont statutairement égaux, indépendamment de leur taille ou de leur force. Afin de sauvegarder le droit universel au développement de tous les pays, nous devons nous unir et approfondir notre coopération, et nous opposer conjointement et sans équivoque à l’unilatéralisme, au protectionnisme et aux pratiques d’intimidation des États-Unis, qui abusent de l’arme des droits de douane et sapent la chaîne industrielle mondiale. Nous devons insister sur l’élargissement de l’ouverture et de la coopération pour obtenir des avantages mutuels et des résultats gagnant-gagnant. La Chine et la Guinée entretiennent traditionnellement des relations amicales et la coopération économique et commerciale s’intensifie constamment. En tant que premier partenaire commercial de la Guinée, la Chine a activement exploré de nouveaux domaines de coopération commerciale entre les deux pays et a promu continuellement l’exportation de produits avantageux de Guinée vers la Chine, et le commerce bilatéral entre la Chine et la Guinée a dépassé la barre des 10 milliards de dollars pour la première fois en 2024. La Chine a accordé un tarif douanier zéro à 100 % des produits de 33 pays africains, dont la Guinée, facilitant ainsi les exportations de produits guinéens vers la Chine. Cela démontre la nature ouverte, mutuellement bénéfique et gagnant-gagnant de la coopération pragmatique et amicale entre les deux pays.
Le multilatéralisme est la bonne voie. La Chine promouvra sans relâche l’ouverture de haut niveau et est prête à travailler avec tous les pays du monde, y compris la Guinée, pour s’opposer à toutes les formes d’unilatéralisme et de protectionnisme, pour combattre résolument l’intimidation économique et pour injecter plus de certitude dans l’économie mondiale grâce à son développement stable et à une coopération mutuellement bénéfique et gagnant-gagnant.