Avec 12 jours fériés à date, la Guinée n’est pas loin du standard mondial, qui est de 13 jours. A observer la tendance de 2014 de la plupart des pays, la Guinée est au-dessus du Mali (11 jours) et à égalité avec la Tunisie (12 jours). Par ailleurs, elle est en deçà du Vietnam (13 jours), Sénégal (14 jours), Côte d’Ivoire (14 jours), Indonésie (15 jours), Nigéria (18 jours), Afrique du Sud (18 jours).
Si le repos est important pour les travailleurs (de plus en plus en petit nombre dans notre pays), les jours fériés ont aussi un impact considérable sur le déroulement de l’activité économique d’un pays. Même si aucune étude n’a été menée ou encore rendue publique sur le sujet, cette situation devrait être une préoccupation pour les
autorités. Car, en plus des jours fériés, la Guinée a connu et risque de connaître encore des journées villes mortes, grèves et d’autres perturbations des activités socio-économiques.
Une source non officielle du Ministère de l’Economie et des Finances estime les pertes monétaires liées à une journée non travaillée à près de 3% de la production des agents économiques résidents, soit 1% du PIB correspondant à plus d’un milliard de GNF par jour. Et cela sans compter les jours qui précédent les fêtes où tout le monde se précipite pour rejoindre son domicile plus tôt que possible, occasionnant des embouteillages monstres. A cela s’ajoutent les jours de pont observés au lendemain des jours des fêtes surtout en période de Ramadan ou de Tabaski. Ce n’est pas pour rien que l’on a décrété en Guinée, le lendemain de la Tabaski comme férié chômé et payé sur toute l’étendue du territoire national. A tous ces cas s’ajoutent les jours fériés tombant sur un dimanche et qui sont reportés sur le jour ouvrable suivant.
Par ailleurs, il convient de souligner que les jours fériés peuvent avoir, en plus de tous ces effets négatifs, d’autres effets positifs sur plusieurs secteurs d’activités. Notamment le commerce, les transports et les télécommunications. Ces jours sont parfois synonymes d’énormes dépenses de consommation des ménages. Fort malheureusement, en dehors de la TVA, l’Etat ne perçoit pratiquement rien sur ces dépenses, en raison surtout de la prolifération du secteur informel qui emploie une main d’œuvre importante (emplois non protégés par la sécurité sociale et susceptible de conduire au chômage à tout moment).
Un travailleur guinéen peut être heureux de se reposer pendant les jours fériés ou de s’atteler à d’autres tâches, différentes de celles qu’il exerce au quotidien. Toutefois, si la Guinée veut bâtir une économie solide, capable de répondre aux besoins de sa population, elle aura la lourde tâche d’entreprendre des réformes conséquentes. Lesquelles consisteront à la création d’emploi pour la plupart des guinéens afin de réduire le taux de chômage auquel le pays est confronté. Un taux difficile voire impossible à évaluer.
Cela passera forcément par la remise en cause de certains jours fériés non essentiels mais aussi des congés payés dans d’autres structures. Notamment scolaires et universitaires qui passent plus de temps de congés que tous les autres secteurs formels. Il faut espérer que dans un futur très proche des dispositions allant dans le sens de la promotion du travail pour les agents économiques en âge de travailler et non par la culture de la paresse seront prises. Car seul le travail, valeur cardinale des pays qui se sont démarqués dans ce monde, pourra permettre au pays d’atteindre ses objectifs de développement.
Safayiou Diallo, économiste.