Située à plus de 60 kilomètres de Conakry, dans la sous-préfecture de Maferinyah, l’opération d’enrôlement biométrique a débuté le vendredi 29 avril 2025. Composée de 9 districts, la zone bénéficie de la mobilisation de 30 agents et 30 machines dédiées à cette opération d’envergure.
Les populations affluent massivement, chaque citoyen rejoignant son district pour se faire recenser. En ce dimanche 4 mai 2025, il est 10 heures à Aîbara. Sur la véranda d’une villa protégée par une clôture, deux kits sont installés, manipulés par deux agents.
L’organisation est bien rodée : appel d’abord, présentation des documents (extrait de naissance ou jugement supplétif et sa transcription), puis saisie des données biométriques. Le tout est relu à haute voix pour validation : nom, prénom, âge, lieu de naissance, lieu de résidence, numéro de téléphone, etc.
Jean Teinguiano vient tout juste de recevoir son récépissé. Il témoigne avec satisfaction :
« Je suis vraiment satisfait. Ça a duré au moins 5 à 6 minutes. Il y a eu quelques perturbations à cause du réseau, mais les agents sont à la hauteur. Ils nous accueillent bien, ils ne m’ont pas demandé d’argent. Je suis satisfait. »
Tandis qu’il descend les six escaliers qui mènent à la sortie, un autre citoyen, sourire aux lèvres, laisse transparaître sa satisfaction. Il s’agit de Youla Alhassane, qui a dû patienter deux jours pour se faire enrôler :
« C’est hier que j’ai commencé, mais on n’a pas pu se faire recenser à cause du monde et de la lenteur du processus. On est resté jusqu’à 17 heures, puis à 17h30, les agents ont arrêté pour reprendre aujourd’hui. Heureusement, je n’ai rien eu à payer. J’avais déjà l’extrait de naissance biométrique. Quand je suis venu directement du cours, on a rempli une fiche avec mes renseignements. Le recensement est pour tous les Guinéens. C’est un devoir civique, donc tout le monde doit avoir ces pièces pour circuler librement sur l’ensemble du territoire national. »
Lors de notre passage à Maferinyah, nous avons croisé l’une des superviseures de l’opération, Thérèse Guillaume Ndjaye. Dans le district de Tannéné, entre les machines, les citoyens et les agents recenseurs, elle veille avec rigueur au respect de l’ordre d’arrivée. Interrogée par allureinfo.net, elle décrit l’organisation sur le terrain :
« Il y a 9 districts. Mon binôme et moi nous nous sommes répartis la supervision : j’en couvre 4, lui en couvre 5. Nous avons 30 agents et 30 machines. »
Elle reconnaît tout de même quelques difficultés techniques :
« Par moments, les machines se bloquent. Il faut les redémarrer, mais parfois elles ne tiennent pas bien la charge. Côté électricité aussi, c’est compliqué. Quand la tension est instable, il est difficile de charger les équipements. Cela pénalise le déroulement du travail, car il faut attendre que tout soit rechargé avant de continuer. »
Malgré ces obstacles, l’engouement de la population reste intact. Les statistiques sont encourageantes :
« Par jour, on recense entre 100 et 200 personnes, selon l’affluence. Au début, ce n’était pas évident, car beaucoup de citoyens n’avaient pas les documents requis. Nous avons alors sollicité l’aide de la mairie. Le maire nous a soutenus pour que des jugements supplétifs et leurs transcriptions soient rendus disponibles. Ils sont distribués dans tous les secteurs, à travers les présidents de district, qui les remplissent et les déposent au tribunal de Forécariah pour signature et cachet. Une fois validés, ils sont remis aux citoyens pour leur enrôlement. »
Une opération d’envergure, certes confrontée à quelques défis logistiques, mais portée par un fort élan citoyen. À Maferinyah, la mobilisation générale l’emporte sur les pannes et les lenteurs.
Amadou Diallo