La fine pluie tombée sur plusieurs quartiers de Conakry dans la nuit du lundi 5 mai au mardi 6 mai 2025 a suffi pour révéler l’ampleur de l’insalubrité dans la capitale guinéenne. En quelques minutes, les voiries publiques ont été submergées par des déchets de toutes sortes, charriés par les eaux de ruissellement.

Au marché Cosa, par exemple, une véritable montagne d’ordures est visible en bordure de route, dégageant une odeur nauséabonde et attirant des nuées de mouches. Le même constat s’impose à Koloma, Yimbaya marché et Nongo Contéyah, où l’on trouve des tas d’immondices débordantes, abandonnés au bord des routes. L’air y est devenu irrespirable, obligeant les passants à se boucher le nez.
Ibrahima Diallo, habitant de la transversale Enco5-Lambanyi, raconte une nuit cauchemardesque passée à repousser les ordures qui envahissaient son domicile : « La pluie de cette nuit a drainé des déchets jusque chez moi. De minuit à 7 heures du matin, nous n’avons pas dormi. Chaque année, c’est la même chose. Nous qui habitons au bord de la route, nous souffrons énormément. Tant que les grandes pluies n’arrivent pas, nous ramassons les déchets solides que d’autres citoyens jettent dans les caniveaux, lesquels sont constamment bouchés. »

De son côté, Houssey Baldé, une commerçante rencontrée à Contéyah, nettoie devant sa boutique de mèches. Armée d’une pelle, d’un masque, d’un casque et de bottes, elle explique : « Ma boutique est située juste en bordure de route. Depuis trois ans, nous mobilisons des jeunes pour ramasser les ordures. Je paie parfois jusqu’à 230 000 francs guinéens dès les premières pluies. Mon message aux autorités : svp, prenez des mesures dès le mois d’avril pour curer les caniveaux. Car, ils ne sont pas couverts et les citoyens y jettent les déchets n’importe où. »

Partout, l’eau stagnante mêlée aux ordures forme de véritables mares le long des routes, posant ainsi un sérieux problème de sanité publique. L’iinstitutionnalisation par le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisationde de la journée citoyenne d’assainissement, ne suffit visiblement pas à endiguer le phénomène d’insalubrité dans la ville de Conakry. Reste maintenant à savoir si la dernière décision prise par le gouvernorat de la ville de Conakry portant interdiction du jet des ordures dans les caniveaux sous peine d’amendes, pourra enrayer ce comportement peu catholique.
Amadou Diallo