Au delà des décisions et conclusions issues des travaux, la tenue, à elle seule, de la 18ème Assemblée Générale Ordinaire reste une bouffée d’oxygène pour le Comité Exécutif traversé depuis des mois par des dissensions et crises internes et un évènement majeur pour l’association nationale. Ce triomphe du Football Guinéen, reconnu et célébré par les acteurs et les partenaires internationaux que sont la CAF, la FIFA l’UFOA A et autres, est aussi l’exploit d’un Secrétaire Général qui arbitrait le plus incertain match de sa carrière face à des adversaires dressés les uns contre les autres.
Confirmation de la révocation du Président du Comité Exécutif, Aboubacar Dinah Sampil et son remplacement par le vice-président le plus âgé en l’occurrence, Sory Doumbouya, approbation du rapport d’activités de la Fédération, levées des sanctions contre le Général Mathurin Bangoura, ancien président de la Ligue de football professionnel, rejet de la proposition de porter à 17 le nombre des membres du Comité Exécutif contre 13 actuellement, présentation d’un rapport financier de 37 milliards GNF reçus de la FIFA, CAF et autres partenaires étaient en effet les points extrêmement sensibles sinon conflictuels de la 18ème Assemblée Générale Ordinaire dont rien ne présageait la bonne issue avec des déchirures, des textes incomplets, incohérents et surtout méconnus par une grande majorité d’acteurs.
Sans remuer davantage le doigt dans la plaie déjà béante du Président révoqué, Aboubacar Dinah Sampil par une supplémentaire lapidation ou arroser les fleurs suffisamment imbibées du Président légalisé Sory Doumbouya, il faut reconnaître que le droit des premiers à la lamentation et la légitimité des seconds à la réjouissance prouvent que le vrai vainqueur de ce 18ème « Conclave » du Football Guinéen est l’association nationale elle-même sauvée de justesse d’une autre crise dont la Guinée semble devenir adepte.
Les membres statutaires dont les partisans déçus ou heureux des 2 principaux protagonistes de ces retrouvailles annuelles du Football Guinéen peuvent s’accorder avec les partenaires internationaux présents ( FIFA, CAF, UFOA Zone A) et observateurs directs et lointains sur le fait que l’essentiel qui devrait être au dessus des intérêts particuliers des uns et des autres a été préservé des querelles claniques, des calculs et ambitions légitimes mais non moins nocifs personnels.
Si » une hirondelle ne fait pas le Printemps « , il faut néanmoins reconnaître à Ibrahima Blasco Barry le mérite d’avoir su éviter au Football Guinéen un hiver particulièrement sombre et orageux. Cet agrément n’est pas une vertu tombée du ciel. Loin s’en faut.
Dans une atmosphère antagonique généralisée, des divisions, dissensions et affrontements jusqu’au cœur du Comité Exécutif lui-même, des textes touffus, incomplets et incohérents adoptés dans un climat délétère et dans un contexte inapproprié, il s’applique, dès sa nomination le 1er mars et sa prise de fonction le 05 mars 2024, et de toutes ses forces à la compréhension, à l’appropriation et au respect scrupuleux par les nouveaux dirigeants des règles régissant le fonctionnement correct de l’association, à la culture de l’esprit d’équipe ainsi qu’à l’apaisement des esprits après une assemblée générale élective si laborieuse comme celle du 06 janvier 2024. Inlassablement, il s’évertue à dissiper les premiers malentendus et à concilier quelques positions déjà discordantes entre le Président Aboubacar Dinah Sampil et certains membres du Comité Exécutif.
La noble tâche est si complexe et si pénible que le Secrétaire Général ne fait l’économie d’aucun effort et ne néglige aucune piste pour la cause de la cohésion et de la paix du groupe dans le respect des textes qu’il sollicite l’expertise et l’influence de certaines personnalités comme le Colonel Mohamed Saloum Bangoura, Aboubacar Kagbê Touré, 2 hauts cadres discrètement mais efficacement dévoués à la cause du Football Guinéen. Sans bruits non plus, l’ancien chef de la diplomatie, Ibrahima Kalil Kaba « Lilou » a également mis à profit ses ressources physiques et relations humaines, financière et matérielle pour la réussite du mandat du Comité Exécutif.
Comme on peut s’en rendre ainsi compte et contrairement à la légende à faire dormir debout, TOUT – je dis bien TOUT – a été fait afin que ne gagne progressivement et inexorablement du terrain le clache qui s’est malheureusement généralisé entre les membres du Comité Exécutif, les uns après les autres, avec le Président Aboubacar Dinah Sampil et a finalement eu raison de ce dernier. De la loyauté volontariste de Sory Doumbouya, Mamadou Barry ou Mohamed Lamine Nabe au rempart martial d’Arsène Bangoura ou Mamadou Alpha Hann en passant par la fidélité et la loyauté subordonnée de Macka Traoré, tout est passé par pertes et profits. Avec ce déchaînement massif qui est un véritable gâchis que pouvait réellement le HERCULE ou SAMSON Ibrahima Blasco Barry ?
Quel poids avait-il pour contrer ou empêcher le vote des 99 % des membres statutaires sinon à se faire hara-kiri ?
Face à l’impasse, il était crucial de sauver l’association du naufrage et la Guinée d’une énième Normalisation aux conséquences toujours amères sinon désastreuses en ce sens qu’elles ont plutôt aggravé les conflits et crises qu’elles n’ont apporté de solutions à la congénitale maladie du Football Guinéen. C’est ce que le Secrétaire Général, Ibrahima Blasco Barry a su faire avec dextérité par la réussite de la 18ème Assemblée Générale ténue avec 4 mois de retard consécutif, il est vrai, au calendrier international des compétitions mais également.
Si la sanction est cruelle pour un Président débarqué avec un humiliant score de 51 voix sur 53, ce n’est pas pour autant la fin du monde pour Aboubacar Dinah Sampil si, de sa chute, il médite sereinement sur les réelles causes et raisons de son sort, tire les leçons et apporte les corrections humaines et statutaires qui s’imposent.
Dans un passé pas si éloigné, avec le Général Mathurin Bangoura, Kerfalla Camara KPC et Mamadou Antonio Souaré, il a été un des grands soutiens du Football Guinéen non seulement par la reprise de l’ASK mais aussi par le sponsoring du championnat national. Ses déboires d’aujourd’hui ne peuvent occulter une utilité toujours mémorable.
D’autre part, aussi grande et salvatrice soit-elle, l’ampleur du triomphe du nouveau Président, n’est pas la panacée. Sory Doumbouya est le premier à le savoir et intégrer d’autant plus que sa marge de manœuvre est si étroite qu’il roule sur les œufs. Avisé, il a tout intérêt à favoriser une vertueuse gouvernance désormais.
Car, comme l’a récemment fait remarquer l’ancien international Abdoul Karim Bangoura AKB, « la révocation de l’ancien Président de la Fédération, désormais confirmée, ne saurait à elle seule être considérée comme solution suffisante aux maux profonds qui gangrènent le football Guinéen. »
Entre la conviction de l’ancien candidat sur le fait que tant « qu’une implication réelle, sincère et structurée des autorités politiques ne sera pas engagée, les espoirs de redressement resteront vains » et l’impératif de l’indépendance de l’association de toute ingérence extérieure, la Maestria du Secrétaire Général Ibrahima Blasco Barry devrait agir de sorte que le sérieux, la rigueur dans le respect des textes forcément à revoir, à ajuster dictent le comportement et le fonctionnement du Comité Exécutif et des membres statutaires afin de permettre à la Fédération Guinéenne de Football d’oxygéner ses veines et fluidifier sa circulation sanguine à l’instar des associations nationales performantes de la Région Afrique.
Son majeur défi sur le temps restant de ce mandat reste sa capacité à se transcender, à promouvoir la réconciliation de la famille du Football Guinéen déchirée en plusieurs morceaux par ces crises malheureusement répétitives depuis près de 10 ans.
Condition sinequanone de pouvoir mettre à profit son expertise avérée au service du seul besoin du Football Guinéen : LE DÉVELOPPEMENT.
Abdoulaye Condé
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