Le think tank social-démocrate, Terra Nova, publie un sondage – étude sur l’immigration économique. Selon les résultats de ce dernier, les Français ne sont pas opposés à l’immigration choisie. Par ailleurs, l’Hexagone a besoin d’accueillir 310 000 immigrés par an d’ici à 2040 pour assurer le financement de son modèle social.
C’est un sondage qui devrait faire du bruit. Selon une enquête d’opinion réalisée par la Crédoc pour Terra Nova, un think tank social-démocrate, 58 % des 2 000 personnes interrogées seraient pour une immigration de travail choisie en fonction des besoins économiques hexagonaux. On est loin de l’opposition de plus en plus affirmée d’une partie de la société française à l’arrivée de nouveaux immigrés en partie à cause de la désinformation autour de ce sujet, note le think tank.
Le travail, un vecteur d’intégration
Le sondage précise que le travail est considéré comme le principal vecteur d’intégration des nouveaux arrivants. Pas étonnant qu’une grande majorité de Français (77 %) estiment qu’une personne étrangère « mérite de devenir française » quand elle travaille, cotise et paie ses impôts. Par ailleurs, 60 % des personnes interrogées pensent que l’immigration de travail à un impact positif sur l’économie française.
Continuer d’accueillir pour consolider l’équilibre financier
Ce sondage est publié en même temps qu’une autre étude, réalisé par Hakim el Karoui et Juba Ihaddaden sur les besoins en main-d’œuvre d’immigrés dans les décennies à venir. Il en ressort une conclusion implacable : pour pérenniser l’équilibre financier du modèle social français, il faudrait accueillir environ 310 000 immigrés par an d’ici à 2040, soit un peu moins qu’en 2022 (331 000) mais plus que la moyenne des années 2010 (245 000).
En effet, ni la remontée du taux de fécondité à deux enfants par femme ou l’amélioration du taux d’emploi des jeunes et des seniors ne suffirait à assurer l’équilibre financier du système de protection sociale qui repose sur le ratio entre actifs et inactifs.
Une compétition pour attirer les talents
D’où cette recommandation : « La prudence commande donc, non pas d’ouvrir les frontières à tous les vents, mais de maintenir le niveau d’ouverture actuel de notre pays à l’immigration en fléchant davantage les entrées vers l’activité économique. Et en prenant soin d’accueillir et d’intégrer correctement ces populations », affirment les deux auteurs.
Qu’on ne s’y trompe pas, l’économie française (et plus particulièrement les entreprises hexagonales) va avoir besoin des talents venus d’ailleurs pour continuer à croître. Mais la compétition va être rude avec nos voisins européens, eux aussi confrontés à « l’hiver démographique ». D’ailleurs, même les gouvernements populistes de Giorgia Meloni en Italie et de Viktor Orban en Hongrie ont ouvert les vannes de l’immigration de travail pour faire face à un manque main-d’œuvre. Et ce malgré des discours particulièrement anti-immigration… A coup sûr, cela devrait alimenter le débat politique hautement inflammable sur ce sujet.
Source : challenges.fr