Le tribunal criminel de Coyah a connu ce lundi une audience particulièrement émotive dans le cadre du procès de Boubacar Barry, chauffeur de taxi résidant à Kountiyah (commune de Sanoyah), accusé du meurtre de son épouse, Idiatou Barry, survenu en mars 2024. Les faits sont d’une rare gravité.
À la suite d’une dispute conjugale, Boubacar Barry aurait, selon l’accusation, violemment frappé sa femme, à deux reprises, à la tête à l’aide d’un pilon en bois. Gravement blessée, la victime succombera à ses blessures après quelques jours d’hospitalisation.
Face aux juges, l’accusé a reconnu avoir porté les coups, tout en affirmant avoir agi en situation de légitime défense. Une ligne de défense que le ministère public rejette fermement.
Lors de ses réquisitions, le substitut du procureur Mohamed Aly Condé a insisté sur la nature volontaire de l’acte, soulignant l’intention d’homicide. « Lorsqu’on vise la tête, une zone vitale, avec un objet contondant tel qu’un pilon, ce n’est pas pour corriger. C’est pour tuer. S’il n’avait pas eu cette intention, il aurait frappé ailleurs, ou asséné un seul coup. »
S’appuyant sur l’article 216 du Code pénal, le procureur a requis une peine de 20 ans de réclusion criminelle, estimant que « la gravité de l’acte appelle une répression ferme et exemplaire ».
De son côté, la défense, assurée par Maître Aboubacar Camara, a plaidé pour une requalification des faits en homicide involontaire. L’avocat a mis en avant l’attitude coopérative de son client depuis l’ouverture de l’enquête, son repentir sincère, ainsi que l’impact dramatique que pourrait avoir une longue peine sur ses enfants, orphelins de mère. « Il a reconnu les faits, exprimé des remords profonds et n’a jamais tenté de fuir ses responsabilités. Sa fille unique, entendue par le tribunal, a supplié qu’on ne lui prenne pas aussi son père. »
La défense a ainsi sollicité une peine équivalente au temps déjà passé en détention préventive, soit environ un an, implorant la clémence du tribunal.
Dans la salle d’audience, la fille du couple n’a pu retenir ses larmes à l’écoute des réquisitions. Quant à Boubacar Barry, il s’est une nouvelle fois adressé aux juges : « J’ai commis ce crime, mais sans intention de donner la mort. Je demande pardon. »
Le tribunal a renvoyé le prononcé du verdict au 16 juin 2025.
Amadou Diallo