Plongés dans l’obscurité depuis près de deux mois, les habitants des quartiers densément peuplés de Cacia 3 et Koliady 1 n’en peuvent plus. Excédés par l’inaction des autorités et de la société électricité de Guinée (EDG), ils sont descendus dans la rue pour exprimer leur colère. La tension est montée d’un cran ce mercredi, avec le blocage de la route nationale Kindia-Télimélé par des manifestants furieux.
Des voitures et motos ont été utilisées pour paralyser la circulation, une manière pour eux de faire entendre une détresse devenue insoutenable : « Deux mois sans électricité, c’est humiliant. Même pour charger nos téléphones, on doit aller ailleurs », s’indigne Maimouna Barry, résidente du quartier Cacia 3.
Ces quartiers vivent depuis, un calvaire quotidien. L’absence de courant empêche la conservation des aliments, plonge les familles dans la chaleur étouffante des nuits sans ventilateurs et alimente un sentiment profond d’abandon: « Chaque année, on subit. Mais cette fois, trop c’est trop. Cette fête, on ne la célèbre pas, on la subit », déclare Mohamed Diaby, étudiant visiblement très affecté.
Selon plusieurs témoignages, la coupure est liée à un transformateur tombé en panne. Pourtant, malgré les plaintes répétées des habitants, aucune réparation ni même un début d’intervention ne sont encore observés: « Nos enfants dorment dans la chaleur, la viande pourrit, et la nuit, c’est la peur qui nous tient éveillés. On dirait qu’on a été effacés de la carte », lance avec amertume Mamadouba Fodé Soumah.
La situation devient explosive. Des jeunes du quartier menacent de renforcer le mouvement de protestation si des solutions concrètes ne sont pas apportées rapidement: « Si d’ici quelques jours rien ne change, on bloquera définitivement la nationale. On ne réclame pas un luxe, juste notre droit à l’électricité », prévient un manifestant.
En attendant une réaction des autorités, les populations de Cacia 3 et Koliady 1 oscillent entre désespoir et indignation: « Nous voulons juste vivre normalement. Avoir de l’électricité, ce n’est pas un privilège, c’est une nécessité », conclut Bachir Bah, l’un des porte-voix des habitants.
Amadou Diallo