La campagne de sensibilisation des citoyens pour l’abonnement aux petites et moyennes entreprises (PME) de pré-collecte des ordures dans le Grand Conakry s’est intensifiée en septembre 2024, dans la plupart des communes de la capitale. Sept mois après, malgré des spots diffusés dans les différentes langues nationales, des rencontres d’échanges, le porte-à-porte, et le retrait des bacs à ordures situés le long des routes, le constat reste préoccupant. Des ordures s’entassent dans les rues, les boulevards, les quartiers et près des maisons. Par endroits, l’air devient irrespirable à certains endroits et le risque de propagation de maladies est réel.
Dans les communes de Ratoma, Lambanyi, Dixinn et Gbessia, certains ronds-points, souvent utilisés comme lieux de dépôt des déchets solides, sont devenus des foyers de pollution. Les poubelles publiques, censées faciliter la gestion des ordures ménagères, débordent de sacs plastiques, de papiers, de résidus alimentaires et d’autres déchets. Plusieurs points de collecte sont débordés, alors que les camions-bennes passent assez fréquemment, parfois même aux heures de pointe.
Pour N’fafa Bira Manè, président de la délégation spéciale de Lambanyi, l’incivisme des citoyens est la principale cause de ce tableau peu reluisant. « Lambanyi compte 14 quartiers. Il est difficile de comprendre que les citoyens ramassent leurs ordures et viennent les déposer sur la route. L’abonnement à Lambanyi se payait entre 60 000 et 70 000 GNF par mois. Mais nous avons demandé à la PME de réduire ce montant à 20 000 GNF. Ce qui est un partenariat gagnant-gagnant. Nous leur avons expliqué que chaque citoyen doit s’organiser pour s’abonner et gérer ses ordures via une PME, que la commune a la charge de recruter en leur faveur. Malgré cela, la nuit ils jettent les ordures, c’est irresponsable. On mettra fin à ça bientôt », a-t-il expliqué.
Mariam Bangoura, rencontrée à Matoto, a une autre lecture de la situation. Elle affirme que les promesses des mairies concernant la mise en place du système d’abonnement ne sont pas suivies. Selon elle, les PME ne s’acquittent pas régulièrement de leur rôle de pré-collecte des ordures, bien que les ménages se soient abonnés. « Ils ont pris nos poubelles. Nous avons les papiers chez nous. Nous nous sommes abonnés, mais ils ne viennent pas chercher les ordures. Est-ce qu’on peut vivre avec des ordures ? On nous a dit de nous abonner à 30 000 GNF, puis de payer 50 000 GNF. Cela peut faire deux semaines sans qu’ils ne viennent. Souvent, la solution reste les caniveaux et carrefours, car au moins là-bas, les camions passent ramasser.»
La problématique de la gestion des déchets solides à Conakry reste encore entière. Cette situation affecte l’environnement et menace chaque année un peu plus la santé publique.
Amadou Diallo