La Guinée est confrontée à une crise sanitaire liée à la prolifération de la nouvelle drogue connue sous le nom de « Kush ». Drogue dont la consommation est particulièrement élevée à Conakry et dans les zones minières du pays.
Cette substance, faite d’un mélange de cannabis et de produits chimiques, tels que l’acétone, est extrêmement dangereuse et aurait déjà provoqué la mort d’au moins 139 personnes. Des jeunes gens pour la plupart, ce depuis 2023, selon une source sécuritaire.
La consommation de Kush provoque une asphyxie rapide, entraînant un arrêt momentané de la respiration et une obstruction des voies aériennes supérieures. Ce qui conduit souvent à une mort subite. Les jeunes sont particulièrement vulnérables, notamment dans les zones portuaires comme Koukoudé, un débarcadère cosmopolite de la préfecture de Boffa, où plus de 14 décès ont été enregistrés depuis le début de l’année 2023.
À Conakry aussi le phénomène prend de l’ampleur dans les débarcadères de Boulbinet, Bonfi, Kaporo et dans plus d’une quarantaine de zones considérées par les autorités comme criminogènes. C’est le cas le long des rails, dans certains marchés, ou encore aux abords de certains marigots, etc.
Face à l’ampleur du phénomène, les autorités guinéennes ont intensifié leurs efforts pour lutter contre ce fléau. Les services spéciaux de lutte contre la drogue, le crime organisé et le grand banditisme, ont récemment saisi 913 boules de Kush à Conakry, une quantité record selon nos enquêtes. Le directeur de l’office central anti drogue (OCAD) a souligné que cette drogue est vingt fois plus concentrée que le cannabis habituel et qu’une seule consommation peut être mortelle par overdose.
Pour intensifier la lutte, des actions judiciaires ont été menées. Ainsi, de juillet 2023 à nos jours, le tribunal correctionnel de Kaloum a condamné 16 individus, dont des pêcheurs artisanaux. Ils ont été reconnus coupables de détention et consommation de Kush et condamnés à des peines de deux mois et 23 jours d’emprisonnement et une amende de 500.000 francs guinéens chacun.
Certains prévenus ont reconnu les faits, tandis que d’autres ont nié toute implication.
Du littoral vers les zones minières
Malgré ces mesures, la consommation de Kush continue de croître. Le constat révèle que son usage a tendance à s’implanter dans des lointaines du littoral, notamment dans les zones minières et les grands centres urbains, où elle est perçue comme une source de stimulation.
Au même moment le taux de criminalité a sérieusement augmenté dans ces zones d’exploitation minières telle que Siguiri où des découvertes macabres sont quasi quotidiennes.
Les autorités sanitaires et sécuritaires guinéennes sont donc confrontées à un défi majeur pour endiguer la propagation de cette drogue et protéger la jeunesse du pays.
Ibrahima Sory Kandja Bangoura