Odeurs nauséabondes, manque total d’eau, portes fracassées, c’est souvent le spectacle qu’offrent de nombreuses toilettes dans les écoles de Conakry. Qu’elles soient publiques ou privées, l’état des sanitaires dans les temples du savoir est tout simplement déplorable.
Ainsi, notre constat commence dans un complexe scolaire privé situé en haute banlieue de la capitale, au quartier Cimenterie, dans la commune de Kagbelen. Dans la première toilette, le visiteur tombe sur un pot couvert de traces d’urine, et pas la moindre goutte d’eau pour évacuer le contenu de la cuvette. Peu d’élèves et d’enseignants s’y aventurent, plutôt contraints de se rabattre sur les familles voisines pour se soulager. Comme nous l’a d’ailleurs confié cet élève de la 11ème année, qui a requis l’anonymat : « Monsieur, ne me filmez pas. Mais ce que je peux vous dire, c’est que nous avons seulement deux toilettes : une pour les enseignants et l’autre pour les élèves, de la maternelle au lycée. Elles sont dans un état déplorable, et cela ne nous encourage pas à les utiliser. Il y a des mauvaises odeurs, ce qui me met mal à l’aise », décrit-t-il, visiblement gêné. C’est certainement la même gêne qui a poussé le proviseur de ladite école à refuser de parler du sujet à notre micro.
Cap sur un autre groupe scolaire situé à Yimbaya, dans la commune de Matoto. Ici, pas même le luxe d’un pot. Les toilettes se résument en une dalle de béton trouée. Les utilisateurs doivent se servir de sachets d’eau minérale. Un manque d’hygiène qui préoccupe un lycéen, qui a préféré taire son identité, dit-il, craignant des représailles : « Les toilettes sont sales, ce n’est pas bien. Je préfère aller dans un coin et uriner contre un mur. Je ne vais pas dans les toilettes parce que leur état me coupe l’appétit. J’aimerais qu’elles soient nettoyées, mais personne n’en parle. Pourtant, mes parents payent de l’argent chaque mois », se plaint cet apprenant.
Haro sur l’Université de Sonfonia !
Le constat est le même dans certaines universités de Conakry. L’état des toilettes y est aussi lamentable. Par endroits, il faut se boucher les narines pour s’y aventurer. Le constat est un crève-cœur dans cette université publique surpeuplée. Il était 14h le mardi 18 mars dernier, quand nous pointions le nez dans certaines toilettes dédiées aux étudiants. Pour y entrer, il faut savoir où mettre les pieds pour éviter de se salir. Des étudiants rencontrés avouent qu’ils préfèrent s’en priver jusqu’à la fin de la journée. Pour cela, ils s’assurent d’avoir conséquemment fait leurs besoins avant de sortir de la maison. Les étudiantes s’en plaignent davantage, étant parfois contraintes d’utiliser ces toilettes infectes.
Comme on le voit, ce constat affecte la qualité de la vie scolaire et estudiantine. Les fils et filles du pays sont ainsi livrés à des toilettes vétustes, dégradées, mal entretenues, manquant d’eau et de savon. Faisant ainsi des écoles concernées des réservoirs d’infections et des zones d’insécurité. Imaginez donc les conséquences d’une telle réalité pour la santé humaine !
Amadou Diallo