Mamou perd, chaque jour que le soleil se lève, une part de sa superbe. Il y a encore quelques années, Mamou suscitait la jalousie des autres villes à travers ses artères principales bitumées. Une situation qui date pratiquement du premier régime guinéen. Dans le cadre des festivités tournantes de l’indépendance initiées par l’ex-président, Pr. Alpha Condé, la ville de Mamou avait également subi des kilomètres supplémentaires, ainsi que de la réfection de certains itinéraires dégradés.
Depuis un certain temps, la situation se détériore à nouveau. Le visiteur venant de Conakry est d’abord marqué par le chaos de nids de poule et d’herbes sauvages envahissant la chaussée à l’entrée de la ville. Ainsi, la route nationale qui traverse la commune semble abandonnée. Le constat est implacable : la route est abîmée à chaque mètre parcouru. Les trous dans la chaussée et la poussière sont le lot quotidien des piétons et des conducteurs.
La colère est perceptible chez certains citoyens rencontrés par un reporter de Allureinfo.net ayant séjourné la semaine dernière dans cette ville.
Parmi eux, Ibrahima Kourouma, enseignant : « Aujourd’hui, c’est une source majeure de souffrance. Je suis enseignant, mais impossible de porter une chemise ou des chaussures blanches, car la poussière recouvre tout. Même si je n’aime pas la couleur jaune, c’est désormais ma seule option pour y échapper. Je m’adresse aux autorités de la transition : il est grand temps que toutes les communes soient traitées sur un même pied d’égalité. Nous vous supplions de bien vouloir réhabiliter ces routes pour nous », lance-t-il, frustré.
À Hamdallaye, comme dans les quartiers et secteurs de la commune urbaine de Mamou, la poussière est omniprésente. Elle épuise les habitants et rend leur quotidien insupportable. Alhassane Diallo, commerçant de son état, pointe du doigt les entreprises chargées du bitumage des voiries de la ville. Il les accuse d’avoir mal fait leur travail.
« C’est un véritable fiasco. Des inspections sont effectuées chaque jour, des agents mesurent, filment… Mais pourquoi le faire si les itinéraires continuent de se dégrader ? Le gouvernement doit réagir rapidement pour aider la population. Si on laisse la situation se détériorer ainsi, la prochaine saison des pluies ne fera qu’aggraver les choses. Je suis désolé pour nous ici. Mamou n’est plus une ville, c’est devenu une sous-préfecture sans routes », dit-il, très dépité.
Amina Diallo, une vendeuse au grand marché de Mamou, partage également son ressenti. Elle interpelle directement le président de la transition : « Chaque matin, chaque soir, tout le monde voit cet état de délabrement, et pourtant personne ne vient arranger quoi que ce soit. C’est l’affaire de tous. Si le président Doumbouya peut envoyer des équipes, qu’ils commencent par réparer les nombreux trous sur nos itinéraires. Ce simple geste soulagerait déjà bien les habitants de Mamou. Il est devenu impossible de prendre une photo dans nos rues. C’est une honte », s’emporte-t-elle.
Une situation que les futurs hôtes de Mamou, qui accueilleront les 25 et 26 avril, la Marche pour la paix et l’unité nationale, après Boké, pourront toucher du doigt. Reste à savoir si la ville de Mamou bénéficiera d’une action de resurfaçage de sa voirie avant cet évènement qui drainera une grande partie de la haute administration guinéenne.
Amadou Diallo, de retour de Mamou