Parcourir le tronçon Mamou-Faranah demande au minimum treize heures, voire plus. L’état de dégradation de cette route avait atteint un niveau critique. Sur la chaussée, on constate l’absence totale de bitume, laissant apparaître des trous profonds. Aux endroits les plus critiques, on trouve souvent des camions renversés, leurs contenus déversés et endommagés.
Avec la pose de la première pierre de ce tronçon, Mamoudou Kourouma, chauffeur, se dit satisfait : « Mon Dieu, c’est le plus grand jour de ma vie. C’est comme si j’avais réussi un test. Quand je déplace mon camion de 32 roues pour aller à Faranah, je passe toute la nuit à penser aux conséquences. Dès que tu arrives à destination, tu dois dépenser pour deux ou trois pannes. Mon général, merci pour ce geste. Il vient soulager, nous, les populations de la Guinée de l’intérieur. Les mots me manquent. »
Une joie partagée par Alseny Diallo, convoyeur : « C’est historique. On a longtemps attendu ce jour. Avant, je pouvais dépenser plus de 3.500.000 francs guinéens rien que pour le carburant afin d’acheminer les bœufs. C’est pourquoi le prix d’un kilo de viande atteignait jusqu’à 75.000 francs guinéens à Conakry. Donc, c’est une bonne nouvelle pour moi. »
Contrairement à ces deux intervenants, Thierno Maoudo Barry reste prudent : « Bon, c’est une bonne nouvelle pour nous tous. C’est aussi un devoir de travailler pour les populations d’ici et d’ailleurs. Mais il ne s’agit pas de chercher à gagner le cœur des citoyens. J’attends, j’observe et j’espère qu’ils vont tenir cette promesse, en respectant le cahier des charges et les délais. C’est mon plus grand souhait. »
Entre espoir et scepticisme, les regards restent tournés vers les bulldozers. Car cette route, au-delà de l’asphalte, trace surtout le chemin vers une meilleure intégration entre les régions de forêt, de la moyenne guinée et de la basse guinée.
Sory Kandia Bangoura et Amadou Diallo