Le comité stratégique de Simandou accélère la mise en place du fonds souverain de la République de Guinée. Après une session tenue le 10 avril dernier, les membres du comité ont entamé plusieurs jours de travail intensif avec des banquiers et experts internationaux les 14 derniers jours dans la capitale guinéenne. Cette nouvelle phase est consacrée à la documentation approfondie du programme Simandou 2040.
À cette occasion, Djiba Diakité, ministre, directeur de cabinet de la présidence et président du comité stratégique de Simandou, a présenté les grandes lignes de ce projet structurant et la vision qui le sous-tend : « En tirant les leçons des meilleures pratiques à l’échelle mondiale, qu’il s’agisse du fonds souverain norvégien, chilien ou d’Abu Dhabi, la Guinée se dote aujourd’hui d’un véhicule stratégique pour sécuriser, valoriser et orienter ses excédents, notamment ceux issus du secteur extractif », a-t-il déclaré en introduction.
Pour les autorités de la transition, la Guinée veut rompre avec sa dépendance aux matières premières non transformées. Le projet Simandou est donc conçu non seulement comme une manne financière, mais surtout comme un moteur de développement structuré et durable, comme l’explique Djiba Diakité : « Nous avons bien compris que les mines ne développent pas un pays. Notre ambition, c’est d’utiliser les revenus du secteur minier pour doter la Guinée d’un développement puissant, capable de répondre aux besoins de la population. »
Au cœur du programme, on retrouve une volonté claire de tirer les leçons du passé et d’éviter les erreurs commises ailleurs : « Nous pensons que Simandou doit être pour nous ce que le pétrole a été pour les pays du Golfe. Et nous nous sommes dotés de toutes les stratégies possibles pour minimiser les erreurs, parce que, vous le savez, on ne réinvente pas la roue. »
Il a également tenu à rassurer les populations quant à la solidité du programme, en rappelant qu’une phase pilote a déjà été menée sur deux années : « Il est important de rappeler que le programme Simandou 2040 a déjà été expérimenté sur une période d’environ deux ans, d’où les 1 000 km»
Pour mieux éclairer ses interlocuteurs, il a précisé que le projet vise une transformation profonde de l’économie guinéenne, bien au-delà des simples revenus miniers: « Simandou nous permettra de générer beaucoup d’argent. Mais notre ambition n’est pas de dépenser cet argent ici. Il s’agira de le placer en grande partie dans un fonds souverain. Ce fonds nous permettra d’accéder à des financements moins coûteux sur les marchés, de garantir des projets, de dynamiser le crédit et de financer stratégiquement nos PME. »
Le capital humain est au centre de cette stratégie : « Le programme repose essentiellement sur le capital humain. C’est pourquoi une bonne partie des fonds issus de Simandou financera l’éducation, notamment à travers le composant Simandou Académie. »
Parlant des 15 ans, l’ambition est de mobiliser 200 milliards de dollars américains, dont 70 % proviendront du secteur privé : « À peine 30 % seront financés par l’État. Cela signifie que le président, le général Mamadi Doumbouya, ouvre encore plus d’opportunités pour le secteur privé », a-t-il conclu.
Amadou Diallo