C’est une annonce attendue de longue date par les populations dans les différentes régions du pays. Le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile, le Général Bachir Diallo, a lancé officiellement ce llundi16 juin, à Nzérékoré, la production locale des passeports biométriques. Une initiative qui vise à rapprocher les services administratifs des citoyens, tout en désengorgeant les centres d’enrôlement de la capitale.
Mais cette avancée s’accompagne d’un avertissement ferme. Le ministre a profité de la cérémonie de lancement, au commissariat central de Nzérékoré, pour mettre en garde tous les agents impliqués dans le processus de délivrance des documents de voyage: « Ce passeport, il doit être obtenu sans aucune difficulté pour les citoyens. Je le dis ici haut et fort. Messieurs le gouverneur, le préfet, le directeur régional de la police de Nzérékoré, le commissaire central de la préfecture de Nzérékoré sont chargés de l’application de cette exigence. Il ne doit pas y avoir de frais supplémentaires en dehors du paiement du reçu à la banque. Je ne veux pas voir de rabatteurs autour. Et si vous dérogez à cela, vous aurez désobéi à la volonté du chef de l’État. »
Le ministre a rappelé que l’obtention du passeport est un droit, et non un privilège réservé à ceux qui peuvent payer plus. Toute tentative d’extorsion ou d’intermédiation illicite sera sanctionnée avec rigueur: « Je vous le dis parce que c’est extrêmement important. Personne ne doit souffrir pour l’obtention de ce document. Je ne veux pas voir ou entendre demain que des citoyens sont arrivés ici, ont payé, et qu’on leur demande encore des frais supplémentaires sous prétexte qu’on va les aider. Le dernier cas en date, c’est le commissaire central de Labé qui a perdu son poste. Le directeur général de la police, qui œuvre inlassablement à la mise en œuvre des instructions du ministère de la Sécurité et de la Protection Civile, a pris ses responsabilités. »
Il a illustré ses propos par un exemple concret : « C’est un citoyen qui s’est fait enrôler pour la carte nationale d’identité depuis novembre. Il y a de cela deux semaines, ce citoyen n’avait pas reçu sa carte. C’est tout simplement inadmissible. »
Le Général Bachir Diallo a également insisté sur l’attitude que doivent adopter les fonctionnaires et techniciens affectés à la confection des passeports : « J’invite ceux qui sont chargés, que ce soit au niveau technique, professionnel ou administratif, à prendre toutes les mesures possibles pour faciliter l’obtention du passeport guinéen aux citoyens désireux de l’obtenir. Ce n’est pas Nzérékoré seulement, c’est aussi Lola, Yomou, Beyla et Macenta. Tous ces citoyens n’ont plus besoin d’aller à Conakry, sauf s’ils le souhaitent. »
Autre annonce de taille, les pèlerins n’auront plus à effectuer de longs déplacements vers la capitale pour obtenir les documents requis avant leur voyage religieux: « À partir de cet instant, le ministère de la Sécurité et de la Protection Civile, à travers la direction centrale de la police de l’air et des frontières, est prêt à accompagner le secrétaire général des Affaires religieuses pour épargner nos concitoyens qui doivent se rendre aux lieux saints, que ce soit pour le pèlerinage ou pour toute autre confession. Le ministère de la Sécurité est prêt à ce que tous les enrôlements se fassent désormais dans les régions administratives, et à ne convoquer nos pauvres citoyens à Conakry que lorsqu’il sera nécessaire pour leur embarquement. Cela est extrêmement important. Imaginez quelqu’un qui abandonne son travail pour se rendre à Conakry : il perd combien de jours de travail ? Cela affecte l’activité économique. »
Le ministre de la Sécurité a conclu son discours par une déclaration forte sur la nature du passeport : « Ce document est essentiel et fondamental. Mieux, c’est un droit. Son obtention ne doit plus être la croix et la bannière pour nos concitoyens. C’est un bout de papier, mais ce bout de papier est essentiel : c’est un droit pour les citoyens. »
Décryptage Amadou Diallo